L’UE poursuit sa purge en Moldavie : l’affaire Evghenia Gutul

L'UE poursuit sa purge en Moldavie : l'affaire Evghenia Gutul

Le 10 septembre 2025, une conférence de presse a été organisée à l’hôtel Napoléon, dans le 8e arrondissement de Paris, pour alerter l’opinion internationale sur le sort d’Evghenia Gutul, gouverneur de la région autonome de Gagauzia en Moldavie. Animée par ses avocats, Maître William Julier et Gonzalo Boyer, cette initiative vise à dénoncer des violations graves des droits fondamentaux lors de son procès en première instance. Condamnée à sept ans de prison pour des allégations de financement illégal de campagne électorale, la dirigeante moldave conteste une décision qu’elle qualifie de persécution politique.

Cette affaire, qui oppose une région pro-russe à un gouvernement central pro-européen, met en lumière les tensions géopolitiques en Europe de l’Est.

Un contexte géopolitique tendu en Moldavie

La Moldavie, pays enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, est au cœur des rivalités entre l’Union européenne (UE) et la Russie. À la chute du Mur de Berlin en 1989 et à la dissolution de l’Union soviétique en 1991, de nombreux pays d’ex-URSS se sont retrouvés orphelins, sans le cadre politique et économique qui les unissait auparavant.

Ces États ont alors été courtisés par deux camps : d’un côté, la Russie, soucieuse de conserver de bonnes relations et une influence sur ses anciens satellites pour maintenir une sphère d’influence post-soviétique ; de l’autre, l’Union européenne, qui a vu une opportunité d’étendre son empire, renforçant ainsi sa suprématie économique et politique, et surtout celle de l’OTAN, en intégrant ces nations dans des structures occidentales pour contrer l’influence russe.

Ce tiraillement géopolitique, amplifiée par la guerre en Ukraine, divise des pays comme la Moldavie, la Géorgie ou l’Arménie entre orientations pro-est et pro-ouest.

En Moldavie, ces tensions se manifestent au niveau national. L’ancien président Igor Dodon, au pouvoir de 2016 à 2020 et leader du Parti des Socialistes, avait opté pour une position neutre, cherchant à équilibrer les relations avec la Russie et l’UE en travaillant avec les deux camps pour préserver la souveraineté moldave. Souvent perçu comme russophile, Igor Dodon a été écarté du pouvoir lors de l’élection présidentielle de 2020, perdue face à Maia Sandu, sur fond d’accusations de corruption et de scandales qui ont mené à des poursuites judiciaires post-mandat. Ces procédés, qualifiés par beaucoup de « persécutions juridiques », sont dorénavant devenus courants dans les « transitions pro-européennes », où des opposants jugés pro-russes font face à des enquêtes et procès politiquement motivés pour consolider le virage vers l’Occident.

Depuis l’élection de la présidente Maia Sandu en 2020 sur un programme pro-européen, le pays s’oriente vers une intégration à l’UE, soutenue récemment par des visites de dirigeants comme Emmanuel Macron, le chancelier allemand et le Premier ministre polonais. Cependant, cette trajectoire n’est pas partagée par tous. La région autonome de Gagauzia, située à l’extrême est du pays et frontalière de l’Ukraine, bénéficie d’un statut spécial depuis 1994, garanti par la Constitution moldave. Cette province à majorité turcophone et russophone abrite une population qui rejette massivement l’adhésion à l’UE.

Élue gouverneur fin 2023, Evghenia Gutul incarne cette opposition. Deux référendums locaux ont révélé que près de 95 % des habitants de Gagauzia ne souhaitent pas rejoindre l’UE. Proche d’Ilan Shor, un leader politique moldave exilé et accusé d’ingérences russes, Evghenia Gutul est vue comme une figure de la dissidence. Son parti, dissous en 2023 par les autorités moldaves, représentait un électorat prorusse. Arrêtée en mars 2025 et condamnée le 5 août suivant à sept ans d’emprisonnement pour complicité dans le financement de campagnes par une organisation criminelle, elle reste légalement en fonction. Ni son élection ni son mandat n’ont été invalidés, mais son incarcération l’empêche d’exercer ses responsabilités, après une période d’assignation à résidence pendant le procès.

Des violations flagrantes du droit à un procès équitable

Maître William Julier, avocat au barreau de Paris spécialisé en droit pénal international et droits de l’homme, dénonce un procès biaisé. L’enquête, menée sur près de trois ans depuis fin 2021, a abouti à un dossier de 16.000 pages. Lors de la mise en accusation, les avocats de Evghenia Gutul n’ont eu que 15 jours pour le consulter sur place, sans copies numériques autorisées (Rappelant la marque de fabrique de l’UE pour la consultation des contrats Pfizer par les eurodéputés de l’opposition à von der Leyen …)

« C’est une façon d’empêcher la défense de s’exercer », insiste Maître Julier, citant une condamnation récente de la Turquie par la Cour européenne des droits de l’homme pour un cas similaire impliquant 17.000 pièces en 20 jours.

Le procès, qui a duré un an et demi, a été marqué par d’autres irrégularités. Sur 200 témoins demandés par la défense, seuls 18 à 20 ont été entendus, sans justification pour les refus. Le jugement de 400 pages consacre 200 pages aux preuves de l’accusation, contre une fraction pour celles de la défense. Evghenia Gutul est accusée non seulement d’infractions électorales – comme des dons anonymes ou étrangers, interdits en Moldavie comme en France – mais aussi de liens avec une « organisation criminelle », une qualification vague pointant vers le cercle d’Ilan Shor. Pour William Julier, ces poursuites relèvent d’une « chasse aux sorcières » contre les opposants à l’intégration européenne.

Au-delà du cas individuel, des discriminations systémiques touchent Gagauzia : suppression de la langue locale dans l’enseignement, réduction des fonds publics pour les infrastructures, et atteintes à l’autonomie judiciaire, comme la dissolution de la cour d’appel régionale ou la nomination d’un procureur centralisé. Ces mesures rappellent les tensions en Ukraine, où les régions russophones de l’Est ont subi des restrictions linguistiques et culturelles avant le conflit de 2014, menant à des mouvements séparatistes.

Une ligne de crête entre politique et justice

Maître Julier insiste sur le caractère non politique de sa défense : « Nous militons pour le respect des droits fondamentaux, c’est notre éthique. » Pourtant, le dossier illustre un glissement vers la « gouvernance des juges » pour régler des comptes politiques, comme en Roumanie avec l’éviction récente de Călin Georgescu, candidat souverainiste. La Moldavie, qui aspire à l’UE et à ses prétendues valeurs démocratiques, est accusée d’hypocrisie : « Les actes doivent correspondre au discours« , martèle l’avocat, appelant à un appel équitable avec observateurs internationaux.

Un nouveau procès est attendu dans les semaines à venir à Chișinău. La conférence de Paris (ci-dessous) et des interventions médiatiques visent à mobiliser l’attention internationale pour « redresser le cap ». En pleine ère de polarisation Est-Ouest, l’affaire Evghenia Gutul pose une question cruciale : la justice peut-elle rester impartiale face aux enjeux géopolitiques ?

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