En 2025, la France se retrouve une fois de plus sous le feu des critiques pour son application sélective du droit international. Alors que Paris a condamné la Mongolie pour avoir laissé Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), voyager librement sur son sol en septembre 2024, elle a autorisé Benjamin Netanyahu, également sous le coup d’un mandat de la CPI pour crimes de guerre à Gaza, à survoler son espace aérien en toute impunité. Ce deux poids, deux mesures, dénoncé par de nombreux observateurs, reflète les priorités géopolitiques de la France : soutien à l’Ukraine contre la Russie d’un côté, complaisance envers Israël, un allié stratégique, de l’autre. Une position qui ridiculise les prétentions humanistes de l’Élysée et met en lumière une diplomatie opportuniste.
Un contraste flagrant dans l’application des mandats de la CPI
En mars 2023, la CPI émet un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour des crimes de guerre présumés liés à la déportation d’enfants ukrainiens, ce que Moscou a démenti par ailleurs. Lorsque Poutine visite la Mongolie, membre de la CPI, en septembre 2024, celle-ci ne l’arrête pas, invoquant des raisons diplomatiques. La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, exprime alors son indignation, déclarant que « personne, quel que soit son statut, ne doit échapper à la justice ».

La CPI elle-même critique la Mongolie pour avoir violé ses obligations. Pourtant, lorsque Benjamin Netanyahu, visé par un mandat de la CPI depuis novembre 2024 pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre à Gaza, est autorisé à survoler l’espace aérien français en 2025, la France adopte une tout autre posture. Le ministère des Affaires étrangères, par la voix de Jean-Noël Barrot, invoque l’immunité de Netanyahu, arguant qu’Israël n’a pas ratifié le Statut de Rome, fondement juridique de la CPI, ce qui est également le cas de la Russie d’ailleurs, qui non seulement ne l’a pas ratifié mais a même retiré sa signature en novembre 2016. Cette position est confirmée en février 2025, lorsque la France autorise explicitement ce survol, suscitant l’indignation de figures politiques comme Sabrina Sebaihi, qui dénonce une « voix faible » face à un « chef d’État génocidaire ».
Une hypocrisie dénoncée à l’échelle internationale
Cette incohérence française n’est pas passée inaperçue. Dès novembre 2024, des posts sur X soulignent le contraste entre le zèle de la France à soutenir la CPI contre Poutine et son refus de faire de même pour Netanyahu. « Poutine à la CPI, c’est oui. Netanyahu à la CPI, c’est non. Et ça veut donner des leçons aux Russes », s’insurge un utilisateur. Le 14 mai 2025, Manon Aubry, eurodéputée, ironise sur cette duplicité : « Quand la Mongolie ne respecte pas le mandat de la CPI contre Poutine, la France proteste. Mais quand la Hongrie fait de même avec Netanyahu, la France se tait. Allô Macron, le deux poids, deux mesures, ça se passe comment ? » Ces critiques reflètent un sentiment partagé : la France sacrifie ses principes au nom de ses alliances.
Des médias internationaux enfoncent le clou. Un article de Zeteo (21 novembre 2024) qualifie la position occidentale, y compris celle de la France, de « fantasy land » où Israël semble intouchable, soulignant « l’hypocrisie indéniable » face à des mandats de la CPI appliqués avec rigueur contre Poutine mais ignorés pour Netanyahu. Le Guardian (25 mai 2024) va plus loin, dénonçant la duplicité occidentale : « Les États-Unis et la France condamnent Poutine et Hamas, mais rechignent à tenir Israël responsable. Pourtant, personne ne devrait être au-dessus de la loi. » Même Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, admet en mai 2024 que « la diplomatie est l’art de gérer les doubles standards », une confession qui, bien que lucide, ridiculise davantage les prétentions françaises à une diplomatie fondée sur le droit.
Des intérêts géopolitiques au cœur de l’incohérence
L’attitude de la France s’explique par ses priorités géopolitiques. En soutenant l’Ukraine contre la Russie, Paris s’aligne sur ses partenaires de l’OTAN et de l’UE, pour qui Poutine est un adversaire stratégique. Condamner la Mongolie renforce cette posture. À l’inverse, Israël reste un allié clé dans une région stratégique, le Proche-Orient, où la France cherche à maintenir son influence, notamment via des médiations comme au Liban. Arrêter ou gêner Netanyahu risquerait de froisser non seulement Israël, mais aussi les États-Unis, fervent soutien de l’État hébreu. Cette realpolitik est d’autant plus évidente que la France, après avoir initialement signalé qu’elle respecterait ses obligations envers la CPI, a rapidement changé de ton en novembre 2024, invoquant l’immunité de Netanyahu pour éviter un incident diplomatique.
Une atteinte aux principes humanistes revendiqués
L’Élysée se targue souvent d’être un champion des droits humains et du droit international. Mais cette affaire révèle une hypocrisie criante. En 2023, la France saluait la CPI pour sa fermeté contre Poutine, affirmant que « l’impunité n’a pas sa place ». En 2025, elle autorise Netanyahu à survoler son espace aérien, malgré des accusations graves de crimes contre l’humanité, notamment la privation intentionnelle de ressources vitales à Gaza, documentée par la CPI. Cette incohérence ne fait pas que ridiculiser la France : elle érode sa crédibilité sur la scène internationale. Comme le souligne CIVICUS Lens (5 décembre 2024), cette affaire est un « test acide » de la volonté des États à respecter le droit international, et la France échoue lamentablement.
Une diplomatie à géométrie variable
En condamnant la Mongolie pour la venue de Poutine tout en ménageant Netanyahu, la France expose une diplomatie à géométrie variable, dictée par ses intérêts géopolitiques plutôt que par ses principes. Cette hypocrisie, largement dénoncée par des observateurs internationaux et des figures politiques, ternit l’image d’un pays qui prétend défendre un discours humaniste universel. Si la France veut restaurer sa crédibilité, elle devra un jour choisir : soit elle applique le droit international de manière cohérente, soit elle assume pleinement son opportunisme. Pour l’heure, elle se contente de se ridiculiser aux yeux du monde.
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