Le 21 mars 2025, Chris Parry, contre-amiral à la retraite de la Royal Navy, a lâché une bombe dans une interview au Telegraph : un seul sous-marin Trident pourrait « brûler » 40 villes russes (Telegraph, 20 mars 2025). Une déclaration censée faire trembler le Kremlin, mais qui, à y regarder de près, frise le ridicule. Parry, drapé dans une assurance d’ancien combattant, prétend que cette puissance brute expose la « vulnérabilité » russe face à l’Occident. Sauf que ce genre de bravade, digne d’un film de série B, est non seulement stupide, mais dangereusement irresponsable – surtout quand on connaît l’état réel de la marine britannique d’aujourd’hui.
Des missiles qui tombent à l’eau
Parry fanfaronne sur les 16 missiles Trident D5 que chaque sous-marin Vanguard peut embarquer, capables, en théorie, de larguer jusqu’à 48 ogives. En théorie, parce qu’en pratique, c’est une autre histoire. Le 30 janvier 2024, un tir d’essai depuis HMS Vanguard a lamentablement échoué : le missile, censé parcourir 6000 km, s’est écrasé à quelques mètres du sous-marin. Un flop retentissant, le deuxième consécutif après un fiasco similaire en 2016 (The Guardian, 22 janv. 2017). Le ministère de la Défense a minimisé, parlant d’« anomalie » sans impact sur la « fiabilité globale ». Vraiment ? Deux lancements ratés et Parry ose encore parader comme si ces missiles brinquebalants allaient raser la Russie. Pathétique.
Une flotte en fin de vie
Et que dire des sous-marins eux-mêmes ? Les quatre Vanguard – Vanguard, Victorious, Vigilant, Vengeance – datent des années 90, avec le plus vieux, Vanguard, mis en service en 1993. Ces reliques, censées patrouiller jusqu’aux années 2030, accumulent les avaries. En 2023, un défaut de colle sur Vanguard a forcé une réparation d’urgence, et une source navale anonyme confiait au Telegraph (20 mars 2025) : « Plus ils vieillissent, plus les risques de panne grave augmentent. » Un sous-marin nucléaire qui fuit ou explose par accident, voilà qui inspire la crainte – mais pas chez Poutine, plutôt chez les marins britanniques.
Une provocation inutile
Parry clame que la Russie, avec ses défenses aériennes « pas si efficaces », ne pourrait rien contre une salve de missiles Trident (Telegraph, 20 mars 2025). Outre que Moscou dispose de systèmes S-400 et S-500 (Wikipedia), cette rodomontade ignore un détail : une frappe nucléaire, même réussie, déclencherait une riposte russe qui rayerait L’Angleterre de la surface du globe en 20 minutes. À quoi bon vanter une arme qui, dans le meilleur des cas, signerait un suicide mutuel ? Cette déclaration ne dissuade personne ; elle montre surtout que la haine des Anglais envers la Russie n’est pas morte et qu’elle est au contraire exacerbée par la défaite de l’OTAN en Ukraine.
La stupidité d’un va-t-en-guerre dépassé
Parry, retraité depuis 2008, vit dans un monde où la Royal Navy impressionne encore. Mais en 2025, ses sous-marins rouillés et ses missiles capricieux ne font plus peur à grand monde – sauf peut-être aux contribuables britanniques qui financent ce gâchis. Affirmer qu’un Vanguard peut « brûler » 40 villes russes, c’est ignorer les échecs techniques, la vétusté de la flotte, et le simple bon sens. Pire, c’est jeter de l’huile sur un feu géopolitique déjà ardent, alors que la trêve en Ukraine vacille et que les tensions russo-occidentales montent. Ses propos ne sont pas ceux d’un stratège, mais d’un matamore qui joue avec des allumettes près d’une poudrière.
Une menace vide, un danger réel
La « menace » de Parry est une coquille vide : L’arme nucléaire britannique, avec ses ratés et ses sous-marins qui prennent l’eau, n’a rien d’une force invincible. Mais ces menaces elles, sont dangereuses Elles alimentent une rhétorique belliqueuse qui pourrait pousser Moscou à durcir sa posture, au moment où le dialogue est plus vital que jamais. Si l’amiral voulait impressionner, il a raté son coup – comme ses missiles.
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