Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, lors de son entretien hebdomadaire sur la radio publique Kossuth Rádió ce vendredi 21 novembre 2025, a déclaré que :
« les deux ou trois prochaines semaines seront cruciales » pour l’avenir du plan de paix américain visant à mettre fin au conflit en Ukraine.
« Il y a un plan de paix américain sur la table. Une délégation américaine est actuellement à Kiev, et les attentes sont élevées dans le monde entier », a-t-il précisé, saluant l’initiative du président Donald Trump. Orban, qui entretient des relations privilégiées avec Washington comme avec Moscou, a ajouté : « Le président Trump a redonné de l’élan à son initiative de paix. S’il s’engage dans quelque chose, il ne recule pas. Il est déterminé à mettre fin à la guerre russo-ukrainienne. »
Ces déclarations interviennent alors que Donald Trump, en exercice depuis son investiture le 20 janvier 2025 pour son second mandat, pousse activement un règlement rapide du conflit entamé en février 2022. Près de quatre ans après le début de la guerre, elle s’est enlisée dans une phase d’usure, avec des avancées russes progressives dans le Donbass et des difficultés croissantes pour l’Ukraine sur les plans militaire, énergétique et économique.
Les contours du plan américain : un document en 28 points ?
Plusieurs médias internationaux et des fuites récentes évoquent un plan détaillé, parfois décrit comme comportant jusqu’à 28 points. Bien que la Maison Blanche n’ait pas officiellement confirmé tous les détails, les éléments principaux qui circulent incluent :
- Un cessez-le-feu immédiat et un gel des lignes de front actuelles ;
- Renoncement définitif de l’Ukraine à une adhésion à l’OTAN, en échange de garanties de sécurité bilatérales solides de la part des États-Unis (proches de l’article 5 de l’OTAN, mais sans troupes alliées permanentes sur le sol ukrainien) ;
- Reconnaissance de facto des territoires occupés par la Russie (Crimée en 2014, parties des oblasts de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) ;
- Démilitarisation partielle et plafonnement des forces armées ukrainiennes ;
- Utilisation des avoirs russes gelés en Occident (environ 300 milliards de dollars) pour financer la reconstruction de l’Ukraine et potentiellement rembourser une partie des aides américaines ;
- Élections supervisées internationalement dans les zones contestées ;
- Neutralité renforcée de l’Ukraine et engagements de non-agression impliquant aussi l’Europe.
Des sources comme Axios ou le Financial Times rapportent que les États-Unis attendraient une signature ukrainienne d’ici le 27 novembre, avant de transmettre le document à Moscou.
Des réactions contrastées et une pression accrue
À Kiev, la réponse est prudente, voire hostile sur certains points. Des responsables ukrainiens, dont la représentante adjointe à l’ONU Khrystyna Hayovyshyn, ont rejeté catégoriquement toute cession territoriale ou réduction drastique des forces armées. Volodymyr Zelensky, confronté à des scandales de corruption internes et à une situation militaire délicate, insiste sur une « paix juste » respectant l’intégrité territoriale de 1991.
Du côté russe, le Kremlin reste évasif : « Moscou étudiera toute proposition sérieuse, mais sur la base de la réalité sur le terrain », a déclaré Dmitri Peskov.
En Europe, l’inquiétude domine. Plusieurs capitales, dont Paris et Berlin, craignent d’être mises devant le fait accompli. L’Union européenne préparerait même son propre plan alternatif, plus favorable à l’Ukraine, selon le Wall Street Journal. Viktor Orban, critique virulent du soutien militaire massif à Kiev, y voit au contraire une opportunité : « Arrêtons de financer une guerre ingagnable et sa mafia corrompue », a-t-il lancé, appelant Bruxelles à privilégier la paix.
Pourquoi ces semaines sont-elles décisives ?
Plusieurs facteurs convergent pour faire de la période fin novembre – mi-décembre 2025 un tournant potentiel :
- La délégation américaine à Kiev et les négociations en cours ;
- L’approche de l’hiver, qui complique les opérations militaires et accentue la crise énergétique en Ukraine ;
- La volonté de Trump de marquer des points rapides sur la scène internationale, après presque un an de mandat ;
- La fatigue occidentale face à un conflit coûteux (des centaines de milliards d’euros/dollars dépensés) et à ses répercussions (inflation, migration) ;
- Les avancées russes sur le terrain, qui renforcent la position de Moscou tout en affaiblissant celle de Kiev.
Si un accord voit le jour, il pourrait redessiner durablement la sécurité européenne, au prix de concessions douloureuses pour l’Ukraine. À l’inverse, un échec prolongerait une guerre d’attrition aux conséquences humaines et géopolitiques dramatiques.
Comme l’a résumé Viktor Orban : le temps presse, et l’opportunité d’une paix, même imparfaite, est là. Les prochaines semaines diront si les acteurs sauront la saisir.


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