Le discours sur le changement climatique domine les débats politiques, médiatiques et scientifiques, des voix dissidentes émergent parfois pour remettre en question les fondements mêmes de cette narrative. Patrick Moore, cofondateur de Greenpeace et ancien président de Greenpeace Canada, est l’une de ces figures controversées.
Lors d’une interview accordée en 2019 à l’émission Breitbart News Tonight sur SiriusXM, Moore a qualifié le récit du réchauffement climatique anthropique d’un « canular complet » et d’une « escroquerie ».
Ces déclarations, reprises et traduites dans divers médias, dont un article publié sur IndepNews.org en août 2023, soulignent un schisme profond au sein du mouvement environnemental. Moore, qui a quitté Greenpeace en 1986, accuse l’organisation et le mouvement vert en général d’avoir dévié vers une idéologie anti-humaine, motivée par la peur, la culpabilité et des intérêts financiers.
Cet article explore les arguments avancés par Moore, en s’appuyant sur ses déclarations originales. Nous examinerons son parcours, les mécanismes qu’il décrit comme corrompant la science climatique, et les implications de ses critiques pour le débat public. Bien que Moore soit souvent contesté par Greenpeace elle-même – qui nie qu’il en soit le fondateur unique et l’accuse de liens avec l’industrie nucléaire – ses propos invitent à une réflexion sur la politisation de l’environnement.
Le parcours de Patrick Moore : de militant écologiste à critique acerbe
Patrick Moore est né en 1947 au Canada. Il a obtenu un doctorat en écologie de l’Université de la Colombie-Britannique en 1974. Au début des années 1970, il a joué un rôle clé dans la fondation de Greenpeace, une organisation née à Vancouver pour protester contre les essais nucléaires américains aux îles Amchitka en Alaska. Moore a servi comme président de Greenpeace Canada et a été impliqué dans des campagnes emblématiques, telles que « Sauvez les baleines ». Cependant, en 1986, il a claqué la porte, invoquant un virage idéologique qu’il jugeait incompatible avec ses valeurs.
Selon Moore, Greenpeace a commencé comme un mouvement humanitaire, axé sur la paix et la protection de l’environnement pour le bien de l’humanité. « Nous avons commencé avec un objectif humanitaire fort : sauver l’humanité et l’environnement d’une guerre nucléaire totale », explique-t-il dans son interview. Les mots « vert » et « paix » dans le nom de l’organisation reflétaient cette double mission. Mais au fil du temps, Moore observe un glissement : les humains ne sont plus vus comme partie intégrante de la nature, mais comme ses ennemis.
« Au fil des ans, l’homme ne faisait plus partie de la nature et de ce pour quoi nous nous battions, mais il était l’ennemi de ce pour quoi nous nous battions », dit-il.
Ce départ marque le début d’une carrière de critique. Moore a depuis publié des livres comme Confessions of a Greenpeace Dropout: The Making of a Sensible Environmentalist (2010), où il défend une écologie « sensée » basée sur la science et non sur l’alarmisme. Il a également occupé des postes dans l’industrie forestière et énergétique, ce qui lui vaut des accusations de conflits d’intérêts de la part de ses détracteurs. Greenpeace, pour sa part, a publiquement désavoué Moore, affirmant qu’il n’était pas le fondateur unique et qu’il utilise son passé pour promouvoir des agendas pro-industrie.
Malgré ces controverses, Moore reste une voix influente dans les cercles conservateurs, souvent cité par des médias comme Breitbart ou Fox News. Son interview de 2019 a été relayée par le président Donald Trump sur X, amplifiant son message : « Patrick Moore, cofondateur de Greenpeace : ‘Toute la crise climatique n’est pas seulement une Fake News, c’est une Fake Science’. »
Les Mécanismes du « Canular » Selon Moore
Au cœur des critiques de Moore se trouve l’idée que le récit du changement climatique est une construction motivée par la peur et des intérêts financiers. Il compare cela à des tactiques historiques pour contrôler les masses : « La peur a été utilisée tout au long de l’histoire pour gagner le contrôle des esprits et des portefeuilles des gens, et la catastrophe climatique est strictement une campagne de peur – eh bien, peur et culpabilité. » Il argue que les parents sont manipulés en croyant qu’ils « tuent leurs enfants » en conduisant des SUV et en émettant du CO2.
Moore dénonce une corruption systémique impliquant plusieurs acteurs :
- Les scientifiques corrompus par les subventions gouvernementales : Moore affirme que la plupart des scientifiques promouvant la théorie du réchauffement sont financés par des fonds publics. « La plupart de ce que ces soi-disant scientifiques font est simplement de produire plus de peur pour que les politiciens puissent l’utiliser pour contrôler les esprits des gens et obtenir leurs votes. » Il rejette le consensus de 99 % comme « complètement ridicule et faux », soulignant que ces chercheurs sont « accros aux subventions gouvernementales » plutôt qu’à des financements privés axés sur l’innovation.
- Le mouvement vert et les médias : Le mouvement environnemental crée des histoires alarmistes, amplifiées par un « écho médiatique » de fake news. Moore cite des figures comme Alexandria Ocasio-Cortez, qui a prédit en 2019 qu’il restait 12 ans avant la fin du monde – une exagération récurrente dans l’histoire humaine. Les médias répètent ces narratives pour instiller la peur : « Ils répètent encore et encore que les gens tuent leurs enfants. »
- Les politiciens et les entreprises « vertes » : Les politiciens utilisent la peur pour centraliser le pouvoir, tandis que les entreprises vertes profitent de subventions, d’allégements fiscaux et de mandats gouvernementaux. Moore les qualifie de « chercheurs de rentes » et de « capitalistes de connivence » qui s’enrichissent sur le dos des contribuables. « Vous avez les entreprises vertes qui profitent de subventions massives, d’énormes déductions fiscales et de mandats gouvernementaux exigeant leurs technologies pour faire fortune. »
Moore va plus loin en comparant cette narrative à la plus grande imposture depuis la théorie géocentrique : « C’est la plus grande menace pour l’Illumination depuis Galilée. » Il argue que cela remplace la méthode scientifique – basée sur l’observation et la répétition – par de la superstition, une « combinaison toxique de religion et d’idéologie politique ».
Les arguments scientifiques de Moore contre le réchauffement anthropique
Bien que Moore ne soit pas un climatologue, il s’appuie sur sa solide expérience en écologie pour contester les preuves du réchauffement. Il argue que le CO2 n’est pas un polluant mais un élément essentiel à la vie : « Le CO2 est la base de toute vie sur Terre. » Dans d’autres interventions, comme une vidéo YouTube de 2021, il souligne que les niveaux élevés de CO2 dans le passé n’ont pas causé de catastrophes, et que la corrélation actuelle entre CO2 et température n’implique pas de causalité.
Il critique aussi l’évolution du mouvement environnemental : « Le mouvement environnemental tel qu’il existait dans les années 60 et 70 n’est plus vraiment nécessaire en Amérique du Nord ou en Europe. Il a fait son travail. » Selon lui, les succès passés – comme la réduction de la pollution atmosphérique et la protection des espèces – ont rendu l’alarmisme obsolète, transformant les organisations en machines à collecter des fonds.
Moore cible des figures comme Al Gore, qu’il appelle un « vendeur d’huile de serpent » et un « charlatan » qui mystifie la peur climatique pour effrayer les jeunes.
Critiques et contre-arguments
Dans son ouvrage *Climat : de la confusion à la manipulation*, Daniel Husson, physicien et enseignant-chercheur à l’Université de Strasbourg, formule des critiques acerbes contre le discours alarmiste sur le climat, qu’il qualifie de « religion totalitaire dangereuse » fondée sur des contre-vérités et une manipulation des esprits par la peur. Il cible d’abord le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), soulignant que le « I » signifie « intergouvernemental » et non « indépendant », ce qui en fait un émanation de l’ONU biaisée par un mandat politique axé sur les méfaits des hydrocarbures plutôt que sur une quête objective de vérité scientifique.
Husson argue que les rapports volumineux du GIEC contiennent de la science solide sans alarmisme, mais que le résumé pour décideurs – rédigé par des hauts fonctionnaires non-scientifiques – amplifie les craintes, ignorant près de la moitié de la littérature scientifique qui contredit l’alarmisme, comme des études sur les cycles naturels du climat. Contre l’attribution systématique des catastrophes (inondations, mégafeux) au réchauffement anthropique, il invoque des causes alternatives : pour les inondations en Espagne, il pointe les pratiques agricoles (déforestation, surpompage) qui accélèrent le cycle de l’eau d’un facteur 2 en 50 ans, indépendamment des températures, recommandant les travaux de Charlène des Colonges ; pour les feux, il évoque El Niño comme oscillation climatique mal comprise. Sur la biodiversité, il dénonce la focalisation sur des « totems » médiatiques comme les ours blancs (dont la population a sextuplé de 5 000 à 30 000 depuis les années 2000) ou les coraux (détruits par la chimie des océans, comme les crèmes solaires, non par l’élévation des eaux), au détriment de menaces réelles comme la disparition des insectes due aux intrants chimiques dans l’agriculture industrielle.
Contre l’idée d’une élévation catastrophique des mers, il calcule que, même dans des scénarios irréalistes, fondre l’Antarctique prendrait 15 000 ans, et que les tendances actuelles (millimètres par an) sont exagérées par extrapolation linéaire antiscientifique. Husson réfute aussi les prédictions datant de 1896 (Svante Arrhenius) recyclées en trajectoires modernes (1,5 à 4,5 °C), et critique la revue Nature pour ses conflits d’intérêts et sa sélection biaisée d’articles.
Enfin, il contrecarre le lobby nucléaire en promouvant les renouvelables (éolien offshore au Danemark, solaire en Allemagne surpassant le nucléaire français), accusant les discours officiels de mensonges sur sa propreté, son coût et sa souveraineté, tout en appelant à une écologie raisonnable priorisant la biosphère sur le CO2, qu’il déconnecte causalement du réchauffement. Ces arguments, ancrés dans une démarche pédagogique et rationaliste, visent à restaurer l’impartialité face à une « confusion » médiatique et politique qui génère de l’anxiété injustifiée chez les jeunes.
Un débat qui divise
Les propos de Patrick Moore invitent à questionner les motivations derrière le discours climatique dominant. S’ils sont vus par certains comme une bouffée d’air frais contre l’alarmisme, d’autres y voient une désinformation dangereuse. Dans un contexte où les politiques vertes coûtent des billions, comme le Green New Deal, ses avertissements sur la corruption et la peur méritent examen. Comme il le conclut : « Il n’y a aucune vérité là-dedans. C’est un canular et une escroquerie complets. »
Que l’on adhère ou non à ses vues, Moore rappelle l’importance d’une science libre de pressions idéologiques et financières. Le débat sur le climat, loin d’être clos, continue de polariser, avec des enjeux planétaires en jeu.
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