Pénurie de médicaments en France : souveraineté en péril

Pénurie de médicaments en France : souveraineté en péril

La France traverse une crise majeure en matière de santé publique, marquée par des pénuries récurrentes de médicaments, des déremboursements croissants et une dépendance accrue aux importations. Cette situation, qui s’est aggravée ces dernières années, révèle une perte de souveraineté sanitaire dramatique pour un pays qui fut autrefois un leader mondial dans le secteur pharmaceutique. Entre délocalisation de la production, incapacité à répondre aux besoins de base lors de crises comme celle du Covid-19, et des réglementations rigides inadaptées aux réalités actuelles, la France semble incapable de protéger ses citoyens et ses soignants. L’affaire récente d’un couple de pharmaciens condamnés pour avoir tenté de pallier les pénuries illustre l’absurdité d’un système à bout de souffle. À cela s’ajoute la proposition de Didier Raoult, qui, fort de son expérience à l’IHU Méditerranée Infection, appelle à repenser la gestion des épidémies et à réhabiliter les anciens médicaments, souvent délaissés au profit de nouveaux traitements coûteux et peu efficaces.

Une pénurie de médicaments qui s’aggrave

Les pénuries de médicaments ne sont pas un phénomène nouveau en France, mais elles ont pris une ampleur alarmante depuis les années 2010. Selon un rapport du Sénat, les laboratoires pharmaceutiques, poussés par une logique de financiarisation, privilégient les traitements innovants à forte rentabilité au détriment des médicaments matures, souvent essentiels. Ce « chantage aux prix » exercé par les grands laboratoires, qui menacent d’arrêter la commercialisation ou de limiter l’accès à certains traitements, contribue directement à ces pénuries. Par exemple, des médicaments aussi cruciaux que la Prednisolone, un dérivé de la cortisone, ont été en rupture de stock dès 2019, obligeant des pharmaciens à trouver des solutions de fortune.

En parallèle, le déremboursement de nombreux médicaments par la Sécurité sociale aggrave l’accès aux soins pour les populations les plus vulnérables. Sous prétexte de réduire les dépenses publiques, des traitements jugés « peu efficaces » ou « trop coûteux » sont retirés de la liste des remboursements, laissant les patients face à des coûts prohibitifs. Cette politique, combinée aux pénuries, met en danger la santé publique et accroît les inégalités d’accès aux soins.

La délocalisation de la production : l’exemple du Doliprane

Un autre aspect préoccupant est la délocalisation massive de la production de médicaments. Prenons l’exemple du paracétamol, ingrédient principal du Doliprane, un antalgique parmi les plus consommés en France. Si Sanofi continue de produire le Doliprane dans des usines françaises, comme à Compiègne et Lisieux, le principe actif du paracétamol est majoritairement importé, notamment de Chine et d’Inde. En 2024, le gouvernement français a annoncé un plan ambitieux pour relocaliser cette production d’ici 2023, mais force est de constater que cet objectif n’a pas été atteint à ce jour, en mai 2025. Les raisons sont multiples : coûts de production plus élevés en France, manque d’investissements suffisants et absence de volonté politique forte face aux pressions des grands laboratoires mondiaux.

Cette dépendance aux importations est un symptôme de la perte de souveraineté française sur un marché pharmaceutique pourtant stratégique. En 2023, la France ne représentait plus que 2,9 % du marché mondial, loin derrière les États-Unis (44,4 %) et la Chine (7 %), selon les données du Leem. Les marchés émergents comme le Brésil (2 %) rattrapent leur retard, tandis que l’Europe, jadis un bastion de l’industrie pharmaceutique, voit son influence décliner. Cette situation rend la France vulnérable aux aléas géopolitiques et aux crises mondiales, comme l’a démontré la pandémie de Covid-19.

L’incapacité à fournir masques et blouses lors de la crise du Covid-19

La crise du Covid-19 a mis en lumière les failles béantes du système de santé français, notamment en matière d’approvisionnement en équipements de base. Dès le printemps 2020, le Syndicat des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs dénonçait une pénurie persistante de masques, de blouses et de gants dans les hôpitaux. Selon une enquête d’Ouest-France publiée le 21 avril 2020, 50 % des blouses étanches et 35 % des surblouses en plastique manquaient cruellement, tandis que 20 % des soignants n’avaient pas accès aux masques FFP2 et 25 % à des lunettes de protection. Cette situation a mis en danger non seulement les soignants, mais aussi les patients, à un moment où la France se préparait au déconfinement et à la reprise des activités médicales.

Cette incapacité à fournir des équipements de protection de base est le résultat de choix politiques désastreux, comme la réduction des stocks stratégiques au fil des années et la dépendance aux importations chinoises. La France, qui avait les moyens de produire ces équipements localement, s’est retrouvée à mendier des masques sur le marché international, souvent à des prix exorbitants. Cet épisode a révélé une perte de souveraineté sanitaire qui continue de hanter le pays, alors que les pénuries de médicaments s’ajoutent aujourd’hui à ce tableau alarmant.

L’affaire des pharmaciens de Corrèze : un symbole d’un système absurde

Un récent scandale, relayé par @Insolentiae sur X le 16 mai 2025, illustre l’absurdité des réglementations actuelles face aux pénuries. Antoine Prioux et Eliza Castagné, un couple de pharmaciens en Corrèze, ont été condamnés à six mois d’interdiction d’exercer (dont quatre avec sursis) pour avoir délivré des médicaments à l’unité, en dehors du cadre légal. Face à une pénurie de Prednisolone dès 2019, ils avaient choisi de découper les blisters pour fournir uniquement le nombre exact de comprimés prescrits, conservant le reste pour d’autres patients. Cette pratique, qu’ils ont ensuite étendue à d’autres médicaments comme les antibiotiques et les opioïdes, visait à limiter le gaspillage, lutter contre l’antibiorésistance et réduire les risques d’addiction.

Leur démarche, bien que techniquement illégale, répondait à une urgence sanitaire et à un bon sens pratique : pourquoi jeter la moitié d’une boîte de médicaments alors que d’autres patients en ont désespérément besoin ? Comme le souligne Antoine Prioux, « le modèle économique de la pharmacie est contre-productif : plus les gens sont malades, consomment ou gaspillent des médicaments, plus on gagne d’argent. » Pourtant, au lieu de saluer leur initiative, le Conseil régional de l’Ordre des Pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine a choisi de les sanctionner, démontrant une rigidité institutionnelle déconcertante.

Ce cas met en lumière un paradoxe cruel : alors que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) encourage la délivrance à l’unité pour certains médicaments en rupture, comme la Quétiapine depuis février 2025, les pharmaciens qui adoptent cette pratique de manière proactive sont punis. Cette affaire révèle une bureaucratie sclérosée, incapable de s’adapter aux « temps de disette » comme le souligne Charles Sannat dans son post. Les règles, conçues pour une époque de prospérité, ne fonctionnent plus dans un contexte de pénuries et de crises à répétition.

La proposition de Didier Raoult : un modèle alternatif basé sur l’observation et les anciens médicaments

Dans une vidéo publiée sur YouTube, le professeur Didier Raoult, ancien directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, tire les leçons de la crise du Covid-19 et propose une vision alternative pour gérer les épidémies et les crises sanitaires. Selon lui, la clé réside dans la création de structures capables de faire face à des situations inhabituelles, comme l’IHU, qui a joué un rôle central pendant la pandémie. Raoult souligne l’importance d’un « effet accordéon » avec les CHU, permettant de mobiliser rapidement des moyens humains et financiers. À l’IHU, plus de 500 000 tests ont été réalisés, 140 000 personnes ont été prises en charge, et 12 500 patients ont été traités en hôpital de jour, démontrant la capacité d’une telle structure à absorber une crise d’ampleur.

Raoult insiste sur l’importance de l’observation initiale pour comprendre une maladie nouvelle, une étape qu’il juge cruciale et trop souvent négligée. « Il faut d’abord examiner les gens, regarder ce qui se passe », explique-t-il, citant des spécificités du Covid-19 comme la perte d’odorat ou les détresses respiratoires asymptomatiques. Il met également en avant des avancées techniques, comme l’utilisation des Optiflow pour oxygéner les patients refusés en réanimation, qui ont permis de sauver environ 30 % des cas critiques.

Mais l’une des critiques les plus percutantes de Raoult concerne la gestion des médicaments. Il dénonce une « obsolescence programmée » des anciens médicaments, orchestrée par une industrie pharmaceutique qui privilégie les nouveaux traitements coûteux, même lorsque ceux-ci n’apportent aucun bénéfice significatif. « Une molécule n’est jamais obsolète, elle est éternelle », martèle-t-il, citant l’exemple de l’hydroxychloroquine et de l’ivermectine, des traitements bon marché et bien connus, mais vilipendés en Occident sous prétexte de toxicité, alors qu’ils continuent d’être utilisés massivement ailleurs. Raoult accuse des réseaux de lobbying, impliquant des associations comme « No Fake Med » et des scientifiques liés à l’industrie pharmaceutique, de mener une guerre contre ces anciens médicaments pour maintenir un modèle économique dépassé.

Il propose ainsi un changement de paradigme : abandonner la course effrénée aux nouveaux médicaments, souvent inefficaces et risqués, pour se concentrer sur des stratégies de détection précoce, de surveillance à domicile (via des outils comme les montres connectées mesurant la saturation en oxygène), et de réhabilitation des molécules anciennes. Ce modèle, qui met l’accent sur la curiosité scientifique et l’innovation individuelle, contraste avec la rigidité des institutions françaises actuelles.

Une perte de souveraineté et d’agilité

La crise des pénuries de médicaments, la délocalisation de la production, l’incapacité à répondre aux crises comme celle du Covid-19 et la rigidité face aux initiatives locales convergent vers un même constat : la France a perdu sa souveraineté sanitaire. Jadis un acteur majeur de l’industrie pharmaceutique, le pays est aujourd’hui à la merci des importations et des décisions des grands laboratoires mondiaux. Les institutions françaises, qu’il s’agisse de l’Ordre des Pharmaciens ou des autorités de santé, manquent cruellement d’agilité et de pragmatisme. Comme le note Charles Sannat, « nous appliquons des règles de temps de prospérité à des temps de disette », une approche qui paralyse toute tentative d’innovation ou d’adaptation.

Cette perte de souveraineté a des implications profondes. En cas de nouvelle crise majeure, qu’elle soit sanitaire, géopolitique ou économique, la France risque de se retrouver démunie, incapable de protéger sa population. L’exemple des tensions potentielles avec les États-Unis, évoqué dans un autre post d’Insolentiae sur la dépendance au dollar pour les banques européennes, montre que cette vulnérabilité dépasse le cadre sanitaire et touche à la stabilité économique globale. Par ailleurs, comme le souligne Raoult, l’Occident risque de se faire distancer par des pays comme la Chine, qui investissent massivement dans la reconversion des molécules anciennes et les technologies de pointe.

Que faire pour reprendre le contrôle ?

Il est urgent de repenser la politique pharmaceutique française. Cela passe par plusieurs mesures concrètes : relocaliser la production de principes actifs stratégiques, comme le paracétamol, en investissant massivement dans des infrastructures nationales ; assouplir les réglementations pour permettre des pratiques comme la délivrance à l’unité en cas de pénurie ; et renforcer les stocks stratégiques d’équipements et de médicaments pour faire face à de futures crises. Par ailleurs, il est impératif de réformer les relations avec les grands laboratoires, en imposant des obligations claires de production locale et en luttant contre la financiarisation excessive du secteur.

La proposition de Didier Raoult offre une piste complémentaire : investir dans des structures comme l’IHU, capables de gérer des crises d’ampleur grâce à leur flexibilité et leur capacité d’innovation. Elle invite également à repenser notre rapport aux médicaments, en valorisant les molécules anciennes et en développant des outils de surveillance et de détection précoce. Enfin, il faut saluer et encourager les initiatives de terrain, comme celle des pharmaciens de Corrèze, plutôt que de les réprimer. Ce sont souvent ces actes de « désobéissance civile », comme le souligne Antoine Prioux, qui permettent de faire avancer les choses et de dénoncer l’absurdité d’un système à bout de souffle.

La France se trouve à un tournant critique. La pénurie de médicaments, le déremboursement, la délocalisation de la production, l’incapacité à répondre aux crises comme celle du Covid-19 et la rigidité des institutions sont autant de signaux d’alarme. Si rien n’est fait pour restaurer la souveraineté sanitaire, le pays risque de sombrer dans une dépendance encore plus grande, avec des conséquences dramatiques pour la santé publique et la sécurité nationale. Comme le conclut Charles Sannat, « il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu ». Il est temps d’agir, en s’inspirant des propositions pragmatiques de figures comme Didier Raoult, avant que la prochaine crise ne nous trouve encore plus démunis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

NOUS CONCERNANT
NOUS CONCERNANT
MultiPol 360
À l’heure où tout semble s’effondrer dans les sociétés humaines et où ceux qui prônaient un Nouvel Ordre Mondial unipolaire découvrent avec rage que la majorité des peuples du monde n’acceptent plus la dictature occidentale, notre équipe a décidé de vous présenter ce monde en mutation en analysant les faits principaux qui sont soit occultés soit manipulés par les médias aux ordres. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité française et internationale sans que vous perdiez votre temps à chercher parmi les milliers d’informations qui nous sont proposées chaque jour. Aujourd’hui, ceux qui veulent s’informer pour approcher la vérité et résister à la désinformation du Système ont un nouvel outil à leur disposition : Il s’appelle MultiPol360. Nous sommes heureux de le mettre à votre disposition. Bienvenue dans le monde multipolaire de demain !

NOS CONSEILS DE LECTURE

Vous y trouverez des conseils de lecture qui vous aideront à mieux comprendre les enjeux de la géopolitique et des interactions qui gouvernent notre monde.

SITES AMIS