Le Canard enchaîné du 26 novembre 2025 a révélé qu’environ 2 millions d’euros issus de l’opération Pièces Jaunes ont été versés entre 2022 et 2025 à l’association e-Enfance (reconnue d’utilité publique…), qui gère le numéro d’écoute 3018 contre le cyberharcèlement des mineurs. Cette association est dirigée par Justine Atlan, présentée dans l’article comme une proche de Brigitte Macron et trésorière du think tank Renaissance Numérique.
Le problème soulevé par le journal satirique est simple : les statuts et le règlement de la Fondation des Hôpitaux – fondation reconnue d’utilité publique, régie par la loi n° 87-571 du 23 juillet 1987 sur le mécénat, et plus spécifiquement par les articles L. 6141-7-3 et suivants du Code de la santé publique, section sur les fondations hospitalières) – qui organise les Pièces Jaunes, limitent strictement l’usage des dons à l’amélioration du quotidien des enfants et adolescents hospitalisés. Sont expressément exclus le financement de salaires permanents, les frais de fonctionnement (loyers, etc.) ou les formations qui ne sont pas directement liées à un projet hospitalier.
Or, selon les documents cités par Le Canard enchaîné, les fonds ont notamment servi à :
- Recruter huit écoutants supplémentaires (salaires permanents) ;
- Financer le déménagement d’e-Enfance dans de nouveaux locaux près de la Bourse, inaugurés par Brigitte Macron en février 2023 ;
- Subventionner une formation qui, initialement devait concerner 1.200 personnes, mais n’en a finalement touché que 159, en visioconférence (format non prévu par l’appel à projets).
Par ailleurs, alors que le nombre d’appels au 3018 a fortement augmenté, le taux de réponse serait passé de 80 % à 30 %, ce qui interroge sur l’efficacité réelle de cette injection massive de fonds.
La Fondation des Hôpitaux, par la voix de sa directrice générale Marion Cinalli, se défend en expliquant que la protection des mineurs en ligne entre dans le champ de la vulnérabilité des enfants, et que le soutien à e-Enfance est donc cohérent avec sa mission élargie en faveur des enfants et adolescents fragilisés.
Le cabinet de Brigitte Macron n’a pas souhaité commenter.
Cette affaire pose, au-delà du cas particulier, une question de confiance : quand une opération caritative aussi populaire que les Pièces Jaunes (près de 20 millions d’euros collectés chaque année grâce à la générosité des Français) finance des projets qui s’éloignent sensiblement de l’objectif initial, communiqué très clairement aux donateurs, cela mérite explication et transparence.
Pour l’instant, aucune enquête officielle n’a été annoncée, mais le sujet risque de peser sur la prochaine campagne des Pièces Jaunes, prévue en janvier 2026. Les Français, qui donnent souvent quelques euros avec le cœur, sont en droit d’attendre que chaque centime aille bien là où on le leur a promis : auprès des enfants malades et de leurs familles dans les hôpitaux.


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