Réalignement de la posture militaire mondiale sur les intérêts américains

Une révision de la posture militaire américaine : analyse du rapport « aligning global military posture with u.s. interests »

Analyse du Rapport « Aligning Global Military Posture with U.S. Interests » de Dan Caldwell

Le 9 juillet 2025, Defense Priorities, un think tank américain axé sur une politique de défense « réaliste », a publié un rapport intitulé Aligning Global Military Posture with U.S. Interests. Rédigé par Dan Caldwell, ancien conseiller senior du secrétaire à la Défense Pete Hegseth et vice-président du Center for Renewing America, en collaboration avec Jennifer Kavanagh, senior fellow à Defense Priorities et ancienne analyste à la Rand Corporation ce document de 28 pages propose une révision drastique de la présence militaire américaine à l’étranger. Influencé par une vision « America First » associée à l’entourage de Donald Trump, le rapport vise à aligner les forces US sur les intérêts nationaux vitaux, en maintenant le budget de défense actuel tout en réduisant les engagements jugés excessifs. Caldwell, en particulier, met l’accent sur une priorisation des menaces, qualifiant la Russie de puissance déclinante et la Chine de principal adversaire stratégique. Voici un exposé objectif de leurs arguments, suivi d’une critique inspirée d’une perspective alternative qui conteste ce qu’elle perçoit comme un biais russophobe.

Le point de vue de dan Caldwell et du rapport

Dan Caldwell et Jennifer Kavanagh partent d’un constat : les États-Unis maintiennent plus de 200 000 troupes à l’étranger dans des centaines de bases, un héritage des guerres froides et post-11 septembre qui épuise les ressources sans répondre aux menaces actuelles. Ils proposent un redéploiement pour une posture « plus légère et plus intelligente », en transférant les responsabilités aux alliés et en se concentrant sur la défense du territoire américain et la concurrence avec la Chine. Le rapport divise l’analyse par régions, en évaluant les menaces et en recommandant des ajustements.

Évaluation des menaces globales

Les auteurs considèrent la Chine comme la seule puissance capable de contester la domination américaine, particulièrement en Asie. En revanche, ils minimisent la menace russe : « L’attitude de la Russie en Ukraine suggère qu’elle ne représente pas une menace militaire conventionnelle significative pour les États-Unis et qu’elle ne constitue qu’une menace modérée pour les alliés de l’OTAN. » Ils arguent que les performances russes en Ukraine – contre un pays plus petit et initialement sous-armé – révèleraient des faiblesses structurelles (pertes massives, dépendance à l’attrition), rendant improbable une invasion à grande échelle de l’OTAN. L’Iran et les groupes non étatiques au Moyen-Orient sont vus comme des menaces locales, non existentielles, et l’Afrique comme un théâtre secondaire inefficace.

Recommandations par région

Europe : Réduire les troupes US à environ 60 000 (niveaux pré-2014), en retirant 30 000 soldats des lignes de front (Pologne, Pays baltes, Roumanie) pour éviter un engagement automatique en cas de conflit. Transférer la sécurité aux alliés européens, jugés capables de gérer une Russie affaiblie.

Moyen-Orient : Désengagement majeur – retrait complet d’Irak, Syrie, Koweït et Qatar ; réduction en Jordanie – tout en maintenant une présence minimale en Arabie saoudite, Bahreïn et aux Émirats arabes unis. Fin des « guerres sans fin » pour libérer des ressources.

Asie (Indo-Pacifique) : Maintenir le volume de forces mais les redéployer pour exploiter les avantages maritimes défensifs. Retrait de 26 000 soldats d’Okinawa (trop vulnérable), redéploiement au nord du Japon et à Guam ; retrait des 500 formateurs de Taïwan ; réduction en Corée du Sud à ~10 000 troupes (éliminer les unités de combat terrestre) ; renforcement en Australie. L’objectif : un « équilibre régional » plutôt que la domination, en priorisant la Chine.

Afrique : Fin quasi-totale des opérations, fermeture des bases, et redéploiement des troupes aux USA, jugées inefficaces contre le terrorisme.

Caldwell insiste sur une approche budgétaire durable : « Le Pentagone réévalue la posture globale des forces US, et nous espérons que nos recommandations aideront à préparer une nouvelle stratégie de défense. »

Le rapport s’inscrit dans une revue officielle du Pentagone et vise à influencer l’administration Trump, en libérant des ressources pour contrer Pékin.

Critique : une sous-estimation des capacités militaires russes pour justifier un pivot vers la Chine

Si le rapport de Caldwell paraît rationnel, il sous-estime gravement les capacités militaires russes, servant de prétexte à une réorientation stratégique sous l’administration Trump. En effet, Trump cherche à relâcher la pression en Ukraine, qu’il considère comme une cause perdue et trop coûteuse en termes d’aide financière et militaire – avec plus de 175 milliards de dollars dépensés par les USA depuis 2022.

Malgré des annonces récentes d’envoi d’armes comme des Patriots (juillet 2025), ces gestes tactiques masquent une volonté plus large de désengagement, pour recentrer les efforts sur la Chine, vue comme le « véritable ennemi » dans une escalade de guerre commerciale et militaire (tarifs douaniers, focus sur l’Indo-Pacifique).

Cette minimisation des forces russes légitime un réinvestissement massif vers l’Asie : en qualifiant la Russie de « menace modérée » et déclinante, le rapport libère des ressources pour contrer Pékin, tout en ignorant les avancées russes qui rendent cette analyse obsolète. La Russie domine en missiles hypersoniques – comme le Oreshnik, produit en masse depuis juin 2025, capable de Mach 10+ et prouvé en combat sans ogive nucléaire, ou le Zircon et Kinzhal, invincibles face aux défenses actuelles américaines. Ces armes pourraient détruire des porte-avions ou des bases en un seul tir, rendant vulnérables les flottes américaines malgré leur supériorité numérique. De plus, la capacité de production russe est énorme : 1,5 million d’obus par an, des milliers de tanks et drones, surpassant l’OTAN en guerre d’attrition.

Trump sait que la Russie a gagné cette guerre : Moscou contrôle 20% du territoire ukrainien, avance lentement mais sûrement (36 km² gagnés en une semaine en juillet 2025), et Poutine mise sur l’usure occidentale. L’opération russe reste prudente, traitant l’Ukraine comme un « pays frère » (pris en otage par Zelensky et ses souteneurs) pour minimiser les dommages civils, contrairement aux méthodes américaines historiques (bombardements massifs en Irak, napalm au Vietnam, bombes atomiques au Japon). En sous-estimant cela, le rapport masque l’impérialisme néoconservateur intrinsèque des États-Unis, qui ne peuvent exister sans un ennemi à menacer – passant de la Russie à la Chine pour justifier un nouveau cycle de tensions et de dépenses.

Conclusion

Le rapport de Caldwell propose un réalignement audacieux, mais sa volontaire sous-estimation des forces russes révèle un agenda plus large : permettre à Trump de pivoter vers la Chine en abandonnant une Ukraine jugée perdue. Mais dans un monde multipolaire, ignorer la résilience russe, mais aussi le rejet de l’impérialisme américain par les pays du Sud Global risquent de mener à des erreurs stratégiques graves.

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