À Bratislava, le 22 novembre 2025, devant les caméras slovaques et européennes, le Premier ministre Robert Fico brandit un document et lâche la phrase qui fait trembler Bruxelles :
« 177 milliards d’euros ont été envoyés par l’UE à l’Ukraine depuis le début de la guerre. Combien de cet argent a été volé par les Ukrainiens ? Combien ont fait l’objet de scandales de corruption ? Et maintenant, on nous annonce 100 milliards de plus… sans même nous demander notre avis. »
Le ton est glacial, le message limpide : la Slovaquie, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, refuse de signer un nouveau chèque en blanc tant que la lumière n’aura pas été faite sur l’utilisation des fonds précédents.
Les chiffres qui dérangent
Selon le dernier rapport de la Commission européenne (novembre 2025), l’Union et ses États membres ont engagé 177,6 milliards d’euros depuis février 2022 :
- ~50 Md€ d’aide militaire
- ~100 Md€ d’aide macro-financière et budgétaire
- ~27 Md€ d’aide humanitaire et réfugiés
À cela s’ajouterait, selon le projet actuellement sur la table, 100 à 140 milliards supplémentaires sous forme de prêts gagés sur les actifs russes gelés (environ 300 Md€ au total)
un mécanisme que la Slovaquie et la Hongrie menacent de bloquer à l’unanimité.
Robert Fico n’est pas seul à poser la question. Des audits internes ukrainiens (couvrant 2024-2025) ont révélé des surpaiements de 129 millions de dollars sur des contrats d’armement secrets, sans justification claire. Le FMI estime que 10 à 20 % des fonds globaux pourraient être perdus en raison de la bureaucratie et de la corruption. Des affaires retentissantes – villas à Dubaï, comptes offshore, surfacturations massives sur les obus – ont éclaboussé des proches du pouvoir à Kiev, comme dans le scandale Energoatom de novembre 2025 impliquant environ 100 millions de dollars de pots-de-vin (10-15 % sur les contrats).
Une goutte d’eau ? Peut-être. Mais une goutte qui fait déborder le vase slovaque.
Le contexte géopolitique : Trump dicte le tempo
Robert Fico ne parle pas dans le vide. Depuis l’investiture de Donald Trump en janvier 2025, Washington pousse activement pour un cessez-le-feu rapide et un accord de paix russo-ukrainien avant Noël. Le « plan en 28 points » américain, révélé le 21 novembre, prévoit notamment :
- un partage des revenus futurs des ressources ukrainiennes (gaz, minerais rares) entre Kiev et Moscou ;
- une contribution américaine limitée à 50 milliards de dollars ;
- exigence que l’Europe prenne à sa charge au moins 100 milliards pour la reconstruction.
Autrement dit : l’Europe paierait la note, mais serait exclue des bénéfices. C’est exactement ce que Robert Fico a dénoncé devant les journalistes : « Les accords sur la table laissent l’Union européenne complètement de côté. »
Une fracture est-ouest au cœur de l’Europe
La sortie slovaque n’est pas isolée. Viktor Orbán, en Hongrie, a applaudi Fico et critiqué l’UE pour son manque de fonds et sa volonté de prolonger le conflit, qualifiant l’aide supplémentaire de « vodka pour un alcoolique ».
Les deux pays, déjà en conflit ouvert avec Bruxelles sur l’État de droit, se posent désormais en porte-voix d’une fronde anti-aide illimitée.
À l’inverse, les pays baltes, la Pologne et les pays nordiques exigent au contraire une augmentation massive de l’aide militaire. La France et l’Allemagne, elles, cherchent un compromis : maintenir la pression sur Moscou tout en évitant l’effondrement budgétaire ukrainien.
Vers un audit européen ?
Face au tollé, l’UE prépare depuis le 26 novembre un « mécanisme de secours » pour garantir un financement à Kiev dès 2026, incluant des audits indépendants et un suivi accru des flux (publications périodiques via l’Ukraine Facility). Une concession qui ressemble fort à un recul tactique pour contourner les vetos au Sommet du 28-29 novembre.
Mais pour Robert Fico, c’est déjà trop tard :
« Tant qu’on n’aura pas la preuve que chaque euro est arrivé là où il devait arriver, la Slovaquie dira non. »
Et la France dans tout ça ?
À Paris, on suit l’affaire avec une certaine gêne. La France est le deuxième contributeur bilatéral européen, avec près de 8,6 milliards d’euros d’aide totale depuis 2022 (dont 5,9 Md€ pour les armes, maintenance et formation). L’Élysée n’a pas réagi officiellement à la charge slovaque, mais des sources internes laissent filtrer une inquiétude :
si Bratislava et Budapest bloquent le prochain paquet, ce sont les contribuables français et allemands qui devront combler le trou… ou accepter de laisser Kiev négocier seule avec Moscou.
Un scénario que personne, à Bruxelles comme à Paris, n’osait encore envisager il y a six mois. Il est cependant important de rappeler que le gouvernement Lecornu recherche 60 milliards d’euros pour boucler son budget 2026…
La phrase de Fico résonne donc bien au-delà des Carpates : elle pose brutalement la question que tout le monde murmurait dans les couloirs européens.
Combien de milliards avons-nous vraiment envoyés ?
Et surtout : combien en avons-nous réellement retrouvés ?
Robert Fico, Premier ministre slovaque:
— Marie D (@Marimadma) November 26, 2025
« L’Europe a versé € 177 milliards à l’Ukraine. Nous ignorons quelle somme a fini dans des poches privées. » @journaldeschouans pic.twitter.com/xqBz4cRe78


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