À la suite d’une attaque au couteau survenue à Mulhouse et des prises de position du Premier ministre français François Bayrou, une crise diplomatique éclate entre la France et l’Algérie. Au cœur du différend : les accords de 1968 régissant les conditions de séjour, de circulation et d’emploi des ressortissants algériens en France.
Ces accords signés le 27 décembre 1968 entre la France et l’Algérie, constituent un texte bilatéral clé qui régit les conditions de circulation, de séjour et d’emploi des ressortissants algériens en France, ainsi que celles de leurs familles. Officiellement intitulé « Accord relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles », cet accord s’inscrit dans le contexte post-colonial, quelques années après l’indépendance de l’Algérie en 1962, et vise à encadrer les relations migratoires entre les deux pays dans un cadre juridique spécifique. Voici une explication détaillée.
Contexte historique
Après l’indépendance de l’Algérie, obtenue à l’issue d’une guerre longue et sanglante (1954-1962), les relations entre la France et son ancienne colonie restent marquées par une interdépendance forte. Des centaines de milliers d’Algériens vivent déjà en France, et les flux migratoires continuent en raison des besoins de main-d’œuvre dans l’Hexagone (période des « Trente Glorieuses ») et des liens historiques, familiaux et économiques entre les deux nations. Les accords de 1968 s’ajoutent aux accords d’Évian de 1962, qui avaient posé les bases de la coopération post-indépendance, mais ils se concentrent spécifiquement sur la gestion des migrations.
La crise actuelle a été déclenchée par l’attentat de samedi à Mulhouse, perpétré par un Algérien de 37 ans en situation irrégulière, visé par une obligation de quitter le territoire. Accusé d’avoir ôté la vie à une personne et blessé sept autres, cet individu a ravivé les tensions autour des accords bilatéraux.
La France remet en question les accords
Mercredi, François Bayrou, à l’issue d’un comité interministériel sur l’immigration, a exprimé la volonté de la France de revoir ces accords dans leur ensemble. Selon lui, le suspect avait été proposé à quatorze reprises aux autorités algériennes pour un rapatriement, sans succès. Le Premier ministre a fixé un délai de quatre à six semaines pour renégocier avec Alger, tout en annonçant l’envoi imminent d’une liste prioritaire de personnes à reconduire, sans en préciser l’ampleur.
La réponse algérienne : refus et réciprocité
Le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a fermement rejeté ce qu’il considère comme des « ultimatum et pressions ». Dans une déclaration officielle, Alger insiste sur le fait qu’il n’a pas initié cette escalade et rejette la responsabilité sur la France. En cas de restrictions françaises sur la mobilité, l’Algérie promet une réciprocité immédiate et stricte. Elle menace également de réévaluer symétriquement l’ensemble des accords bilatéraux si celui de 1968 est modifié.
Enjeux sous-jacents
Ce bras de fer révèle des tensions plus profondes entre les deux nations, nourries par un passé colonial complexe et des désaccords persistants sur la gestion des migrations. L’attaque de Mulhouse a agi comme un catalyseur, exposant les divergences sur le traitement des flux migratoires et les priorités nationales. Bien que François Bayrou ait affirmé ne pas chercher l’escalade, la fermeté d’Alger laisse présager des discussions ardues.
Perspectives à venir
La situation demeure instable et pourrait avoir des répercussions importantes sur les liens diplomatiques, migratoires et économiques entre Paris et Alger. Les semaines à venir seront cruciales pour évaluer la possibilité d’une désescalade ou d’un compromis. Ce conflit met en lumière la fragilité des relations franco-algériennes, marquées par une histoire sensible et des défis actuels liés à la coopération et à la mobilité.
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