Le 16 octobre 2025, le président américain Donald Trump a annoncé, à la suite d’un appel téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, qu’ils prévoyaient de se rencontrer à Budapest pour discuter d’un possible cessez-le-feu en Ukraine.
Cette rencontre, qui devrait avoir lieu dans les deux prochaines semaines, sera accueillie par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, marquant un événement géopolitique majeur au cœur de l’Union européenne (UE).
Ce sommet intervient alors que le conflit en Ukraine entre dans sa quatrième année, avec des implications profondes pour la sécurité européenne et les relations transatlantiques.
Le contexte de la rencontre
La décision de tenir ce sommet à Budapest n’est pas anodine. La Hongrie, sous la direction d’Orbán, s’est positionnée comme un acteur pro-paix, souvent en opposition avec la ligne dure de l’UE et de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. Orbán a qualifié cette initiative d' »excellente nouvelle pour les peuples pacifiques du monde », soulignant le rôle de la Hongrie comme « île de paix » en Europe. Selon des sources proches des négociations, la discussion portera principalement sur un accord de paix en Ukraine, Trump ayant décrit l’appel avec Poutine comme « productif » et durant plus de deux heures. Le président américain a même évoqué la possibilité d’un « double sommet », impliquant indirectement le président ukrainien Volodymyr Zelensky, bien que ce dernier n’ait pas été formellement invité à Budapest et que cela semble tout à fait prématuré et contre-productif pour une discussion franche et apaisée.
Ce choix de lieu reflète les tensions au sein de l’UE. Budapest est le premier pays de l’Union à accueillir Poutine depuis le début du conflit en février 2022, une visite qui pose des défis logistiques et légaux. La Russie fait face à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, et la Hongrie, en tant que membre de la CPI, est théoriquement obligée d’arrêter Poutine à son arrivée. Cependant, Orbán a annoncé le retrait de la Hongrie de la CPI, effectif en 2026, et des experts estiment que Budapest pourrait ignorer le mandat pour des raisons diplomatiques. De plus, l’espace aérien européen est fermé aux avions russes depuis 2022, ce qui pourrait nécessiter des exemptions spéciales de la part d’autres États membres pour permettre à Poutine de voyager.
Les enjeux pour l’Ukraine et les États-Unis
Pour Trump, cette rencontre s’inscrit dans sa stratégie de « finir les guerres », comme il l’a répété lors de sa campagne. Il a récemment négocié un accord de paix au Moyen-Orient et voit dans l’Ukraine une opportunité similaire. Zelensky, qui s’est rendu à la Maison Blanche le 17 octobre pour rencontrer Trump, cherche à obtenir des missiles Tomahawk pour renforcer la position ukrainienne, mais les discussions semblent compliquées par les pourparlers parallèles avec Moscou.
En effet, de nombreux analystes considèrent que ce conflit n’oppose pas fondamentalement la Russie à l’Ukraine, mais plutôt la Russie à l’OTAN,
Du côté russe, les forces gagnent encore du terrain et ont pratiquement libéré l’oblast de Donetsk. La Russie a intensifié ses frappes sur les infrastructures ukrainiennes ces dernières semaines, répondant aux attaques en profondeur ce qui pourrait servir de levier dans les pourparlers.
Réactions en Europe et au-delà
L’annonce a provoqué des réactions mitigées au sein de l’UE. Bruxelles accueille prudemment l’initiative, reconnaissant qu’un dialogue pourrait mener à la paix, mais des experts restent sceptiques quant à sa viabilité, craignant que cela ne récompense la partie russe. Des dirigeants comme le chancelier allemand Olaf Scholz ont averti que la Hongrie doit respecter ses obligations internationales vis-à-vis de la CPI. Pour Orbán, souvent critiqué pour ses liens avec Moscou et ses blocages sur l’aide à l’Ukraine, ce sommet représente une victoire diplomatique, renforçant son image de médiateur indépendant au sein de l’UE.
Aux États-Unis, des voix républicaines applaudissent l’approche de Trump, tandis que des démocrates et des analystes pro-OTAN craignent une capitulation face à la Russie.
Perspectives
Ce sommet pourrait représenter un tournant dans le conflit en Ukraine, potentiellement menant à une paix définitive plutôt qu’à un cessez-le-feu temporaire, que le Kremlin a critiqué comme servant principalement à l’OTAN pour renforcer les forces ukrainiennes sans viser de véritables raisons humanitaires ou une résolution pacifique.
Cependant, sans engagements concrets et face à des positions opposées – Kiev réclamant un retrait total des forces russes, tandis que Moscou défend ses revendications territoriales en rappelant que l’opération spéciale est une réponse aux persécutions contre les populations russophones dans le Donbass depuis 2014, ainsi qu’à l’échec des accords de Minsk utilisés comme un moyen d’affaiblir la Russie en permettant à l’Ukraine de s’armer – les perspectives d’un accord durable demeurent incertaines.
Du point de vue russe, l’expansion de l’OTAN autour de ses frontières est vue comme un casus belli, évoquant des parallèles historiques comme la crise des missiles de Cuba, et s’opposant à une vision d’une Europe unie « de l’Atlantique à l’Oural » autrefois prônée par Charles de Gaulle.
Ces éléments soulignent les fractures géopolitiques profondes au sein de l’UE et l’influence accrue de leaders comme Viktor Orbán dans la diplomatie mondiale. Tandis que les préparatifs progressent, le monde suit de près Budapest, dans l’espoir que ce dialogue inhabituel puisse contribuer à apaiser un conflit aux racines complexes et aux conséquences dévastatrices pour la région.
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