Le 7 juillet 2025, un conflit retentissant entre le président américain Donald Trump et le milliardaire Elon Musk a atteint son paroxysme, marqué par des échanges acerbes sur les réseaux sociaux et des répercussions économiques majeures. Au cœur de cette querelle : la création par Musk d’un nouveau parti politique, l’America Party, et la suppression des allégements fiscaux pour les véhicules électriques (VE) dans la loi « One Big Beautiful Bill » promulguée par Trump.
Une rupture spectaculaire : de l’alliance à la guerre ouverte
Autrefois alliés, Trump et Musk ont vu leur relation se détériorer rapidement après que Musk, qui avait investi environ 300 millions de dollars dans la campagne de Trump pour 2024, a critiqué la loi « One Big Beautiful Bill ». Signée le 4 juillet 2025, cette législation ambitieuse inclut des réductions fiscales massives, des investissements dans les infrastructures et, surtout, l’élimination des crédits d’impôt pour les VE, offrant jusqu’à 7500 dollars par achat. Selon Reuters, cette mesure menace directement Tesla, le leader américain des voitures électriques, en réduisant l’attractivité de ses véhicules face à la concurrence.
Trump, dans une série de publications sur Truth Social et Telegram, a qualifié le comportement de Musk de « désastreux » et « chaotique », le comparant à une « catastrophe ambulante ». Il a accusé Musk de chercher à semer la confusion en annonçant, le 5 juillet sur X, la création de l’America Party, un parti visant à briser le « système de parti unique » qu’il juge non représentatif de 80 % des Américains. Un sondage lancé par Musk sur X a révélé que 65,4 % des 1,2 million de participants soutenaient l’idée d’un troisième parti, signe d’un mécontentement populaire envers le bipartisme. Cependant, Trump a balayé cette initiative, affirmant que les partis tiers, entravés par le Collège électoral et les lois strictes sur l’accès au scrutin, n’ont jamais réussi aux États-Unis.
La genèse du conflit : la loi « One Big Beautiful Bill »
La loi « One Big Beautiful Bill » est au cœur de la discorde. Ce texte, qualifié par Trump de « plus importante législation de l’histoire américaine », promet des baisses d’impôts pour les plus riches, un renforcement des dépenses militaires et des coupes dans les programmes sociaux, énergétiques et éducatifs. Selon le Congressional Budget Office, elle pourrait accroître la dette nationale de 3,3 à 5 trillions de dollars sur dix ans, un point que Musk a dénoncé comme une « abomination dégoûtante ». Musk, qui avait dirigé le Department of Government Efficiency (DOGE) pour réduire les dépenses fédérales, considère cette loi comme une trahison de ses efforts, estimés à 190 milliards de dollars d’économies.
Un point particulièrement litigieux est la suppression des crédits d’impôt pour les VE, que Trump a justifiée comme une mesure pour « redonner le choix aux Américains » entre véhicules à essence, hybrides et électriques. Trump a rappelé que l’abrogation de ces subventions était un pilier de sa campagne, connu de Musk lors de son soutien initial. Musk, bien qu’ayant précédemment critiqué les subventions en général, a récemment défendu une « réduction progressive » de ces crédits, arguant qu’une suppression brutale nuirait à l’indépendance énergétique des États-Unis. Cette volte-face coïncide avec les difficultés de Tesla, dont les ventes ont chuté en 2025, en partie en raison des controverses politiques de Musk.
Les répercussions économiques : Tesla et SpaceX sous pression
Le conflit a eu des conséquences immédiates sur les marchés. Le 6 juillet, l’action Tesla a plongé de 14 %, effaçant 150 milliards de dollars de sa capitalisation boursière. Les investisseurs craignent que la fin des crédits d’impôt, combinée à une potentielle réduction des contrats fédéraux, ne fragilise Tesla, dont la valorisation repose largement sur ses ambitions dans les robotaxis autonomes. Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, a qualifié cette querelle de « combat au couteau » entre deux figures inflexibles, soulignant les risques pour Tesla si l’administration Trump durcit sa position.
SpaceX, l’autre fleuron de Musk, est également menacé. L’entreprise, qui a sécurisé 3,8 milliards de dollars de contrats fédéraux en 2024 et environ 20 milliards depuis 2008, est essentielle au programme spatial américain. Son vaisseau Dragon est le seul moyen actuel d’envoyer des astronautes à la Station spatiale internationale (ISS), après les déboires de la capsule Starliner de Boeing. En réponse aux menaces de Trump de couper ces contrats, Musk a brièvement annoncé la mise à l’arrêt de Dragon, avant de revenir sur sa décision sous la pression publique. Selon NPR, une telle rupture paralyserait les ambitions spatiales américaines, mettant en lumière la dépendance du gouvernement envers SpaceX.
L’America Party : une ambition vouée à l’échec ?
L’annonce de l’America Party par Musk a suscité un vif débat. Musk soutient que ce parti représenterait les « 80 % d’Américains du centre », lassés du bipartisme. Il a promis de soutenir des candidats opposés à la loi de Trump, comme le député Thomas Massie. Un sondage Gallup de 2024 indique que 62 % des Américains souhaitent un troisième parti, mais les obstacles structurels sont colossaux. Thomas Gift, professeur à l’UCL, estime que même la fortune de Musk ne suffirait pas à surmonter les barrières juridiques et organisationnelles, notamment les lois électorales favorisant les deux grands partis. James Fishback, PDG d’Azoria, a prédit une « défaite humiliante » pour Musk, arguant que son initiative détourne son attention de Tesla et SpaceX.
Trump a qualifié l’America Party de « ridicule », affirmant que le Parti républicain est une « machine bien huilée » et que les tiers partis ne font que « semer le chaos ». Il a également accusé Musk d’agir par intérêt personnel, notamment après le retrait de la nomination de Jared Isaacman à la tête de la NASA. Trump a justifié cette décision en pointant les liens d’Isaacman avec des démocrates et son amitié avec Musk, créant un potentiel conflit d’intérêts compte tenu des contrats de SpaceX avec la NASA.
Un conflit aux ramifications politiques et économiques
Ce bras de fer entre Trump et Musk dépasse une simple querelle personnelle. Il révèle les tensions au sein du Parti républicain, divisé entre les partisans de la rigueur budgétaire, comme Musk, et ceux soutenant les dépenses massives de Trump. La suppression des subventions pour les VE, bien que populaire auprès de l’électorat conservateur, risque de freiner la transition énergétique américaine, un secteur où Tesla joue un rôle clé. Par ailleurs, la menace de Trump de réexaminer les contrats fédéraux de Musk soulève des questions sur la politisation des relations entre le gouvernement et le secteur privé.
Pour Musk, l’America Party représente une tentative audacieuse de redéfinir la politique américaine, mais son succès est incertain. Les analystes, comme ceux de Pew Research, notent que les mouvements tiers peinent à s’implanter durablement en raison du système électoral américain, qui favorise les grands partis. De plus, les critiques de Musk contre la loi de Trump, bien qu’appuyées par des figures comme la sénatrice Elizabeth Warren, risquent d’aliéner ses soutiens républicains, compliquant ses ambitions politiques.
Le conflit entre Donald Trump et Elon Musk, exacerbé par l’America Party et la suppression des subventions pour les VE, est une saga aux enjeux multiples : économiques, politiques et stratégiques. La chute de l’action Tesla, les menaces sur les contrats de SpaceX et les ambitions politiques de Musk soulignent la fragilité des alliances dans l’arène politique américaine. Alors que Musk tente de bousculer le statu quo avec son parti, les obstacles structurels et les représailles de Trump pourraient limiter son influence. Ce duel entre deux titans promet de redessiner les contours de la politique et de l’industrie américaines, avec des conséquences qui se feront sentir bien au-delà de 2025.
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