Mercredi 19 mars 2025, Donald Trump, dans une conception toute personnelle de générosité, a glissé une idée inattendue à Volodymyr Zelensky lors d’un appel téléphonique : les États-Unis pourraient « prendre possession » des centrales nucléaires ukrainiennes pour les protéger de l’invasion russe (Maison Blanche, 19 mars 2025). La porte-parole Karoline Leavitt a présenté cela comme une solution idéale pour sécuriser l’infrastructure énergétique de l’Ukraine, notamment la centrale de Zaporijjia, occupée par Moscou depuis 2022. Une offre qui, sur le papier, semblait séduisante – du moins pour Washington. Mais Zelensky, loin de se laisser impressionner, a remis les pendules à l’heure.
Oslo : la réponse cinglante
Le lendemain, à Oslo, lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre norvégien, Zelensky a planté un drapeau clair dans le débat. « Nous n’en discuterons pas. Nous avons 15 réacteurs nucléaires en service aujourd’hui. Tout cela appartient à notre État », a-t-il déclaré avec fermeté. Sous-entendu : pas question de céder un pouce de souveraineté énergétique, même à un allié. Face à une suggestion qui sentait l’opportunisme à plein nez, le président ukrainien a tenu à rappeler que ces centrales ne sont pas des « propriétés privées » à négocier comme des immeubles sur un plateau de Monopoly.
Zaporijjia, un enjeu brûlant
Le cas de Zaporijjia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe, cristallise les tensions. Trump voyait là une occasion de briller, mais Zelensky a corrigé le tir : « Nous n’avons parlé que de Zaporijjia, pas de propriété » (Conférence Oslo, 20 mars). Une précision qui sonne comme une rebuffade polie : l’Ukraine ne vend pas ses bijoux de famille, même sous pression amicale. On verra avec le temps…
Une ouverture mesurée
Pour autant, Zelensky n’a pas fermé toutes les portes. Il a laissé entendre qu’il écouterait si les Américains voulaient « moderniser » ou « investir » dans Zaporijjia. « C’est une question ouverte, nous pouvons en parler », a-t-il glissé (Franceinfo, 20 mars 2025), comme un commerçant qui fixe ses conditions avant de tendre la main. Après l’explosion nucléaire de Tchernobyl en 1986, dont le pays a encore gardé la mémoire, on comprend que pour Kiev le sujet reste chaud.
Une souveraineté non négociable
Critique implicite dans cette affaire : l’Ukraine, déjà sous perfusion occidentale (Reuters, 11 mars 2025), refuse de devenir un pion dans les grandes manœuvres de Trump. La proposition américaine, bien qu’enrobée d’une rhétorique de « protection », sentait l’ingérence à des kilomètres. Zelensky, en pleine guerre et dans la perspective d’une trêve fragile imposée par Washington, a choisi l’affrontement avec Trump en pariant sur le soutien européen. L’avenir nous dira qui, de Londres et Bruxelles face à Washington l’emportera.
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