La politisation des universités et grandes écoles françaises : un danger idéologique en miroir des dérives internationales
En France, les universités et les grandes écoles, piliers de la formation intellectuelle et professionnelle, sont aujourd’hui gangrénées par une politisation croissante. Entre une mainmise de l’extrême gauche dans les universités et une emprise néoconservatrice sur les grandes écoles, un verrouillage idéologique s’installe, menaçant l’éducation de la jeunesse et l’avenir du pays. Mais ce phénomène est-il unique à la France ? Une comparaison avec d’autres nations révèle que, si les symptômes diffèrent, le mal est loin d’être isolé. Des États-Unis au Royaume-Uni en passant par l’Allemagne, la politisation de l’enseignement supérieur prend des formes variées, avec des conséquences tout aussi préoccupantes.
L’université française : un bastion gauchiste dans un paysage mondial polarisé
Dans les amphithéâtres français, la liberté d’expression est un luxe réservé à ceux qui adhèrent aux idées de gauche, comme le souligne un article du Figaro du 29 mars 2024. Ce constat fait écho à une enquête de Breizh-info (avril 2017) révélant que 78 % des enseignants français votent à gauche ou à l’extrême gauche, un biais qui se répercute dans l’enseignement supérieur. Les sciences humaines, en particulier, sont devenues un fief de théories radicales – décoloniales, intersectionnelles – où les voix conservatrices sont marginalisées.
Cette situation rappelle les États-Unis, où les campus universitaires, notamment dans les grandes institutions comme Harvard ou Berkeley, sont souvent perçus comme des bastions progressistes. Là-bas, la « cancel culture » et les pressions pour adopter un langage politiquement correct ont conduit à des purges académiques, avec des professeurs licenciés pour des propos jugés non conformes. Toutefois, une différence notable émerge : aux États-Unis, un contre-mouvement conservateur, porté par des think tanks et des universités privées comme Hillsdale College, tente de rééquilibrer la balance. En France, cette résistance reste embryonnaire, laissant l’extrême gauche dominer sans réel contrepoids.
Au Royaume-Uni, la politisation des universités comme Oxford ou Cambridge suit une trajectoire similaire, avec une montée des revendications étudiantes de gauche sur des sujets comme le déboulonnage de statues coloniales. Cependant, le système britannique conserve une tradition de débat plus robuste, héritée des « debating societies », qui limite quelque peu l’hégémonie idéologique. En comparaison, la France semble plus figée, prisonnière d’un héritage post-68 qui étouffe la diversité des idées.
Les grandes écoles : un néoconservatisme à la française face à d’autres modèles élitistes
Si les universités françaises penchent à gauche, les grandes écoles – ENA (INSP), Polytechnique, HEC – cultivent une idéologie néoconservatrice marquée par le libéralisme économique et l’atlantisme. Ces institutions, chargées de former les élites administratives et économiques, produisent des hauts fonctionnaires et magistrats souvent déconnectés des réalités populaires, privilégiant une gouvernance technocratique alignée sur les intérêts mondiaux.
Ce modèle trouve un parallèle dans les « Ivy League » américaines, où les futurs leaders sont formatés dans une logique pro-marché et pro-establishment. À Yale ou Princeton, l’accent mis sur les réseaux d’influence et les carrières dans la finance ou la politique reflète une vision élitiste comparable à celle des grandes écoles françaises. Pourtant, une nuance existe : aux États-Unis, le système est plus perméable aux entrepreneurs et aux parcours atypiques, tandis qu’en France, le moule des grandes écoles reste rigide, verrouillé par un concours d’entrée et une culture de caste.
En Allemagne, les élites passent davantage par des universités comme Heidelberg ou la Humboldt-Universität, où l’influence néoconservatrice est moins marquée. Le système fédéral allemand, combiné à une tradition de pragmatisme, limite la mainmise d’une idéologie unique sur la formation des dirigeants. À l’inverse, la France, avec sa centralisation, concentre le pouvoir idéologique dans quelques institutions, amplifiant leur impact sur la gouvernance nationale.
Un danger idéologique universel, une réponse française en retard
Ce double phénomène – extrême gauche dans les universités, néoconservatisme dans les grandes écoles – n’est donc pas propre à la France, mais il y prend une forme particulièrement aiguë. Aux États-Unis, la polarisation entre campus progressistes et élites conservatrices alimente un débat public vif, parfois violent, mais visible. En France, le silence relatif sur ces dérives – masqué par une rhétorique de neutralité républicaine – aggrave le problème. La jeunesse française, exposée dès l’école primaire à des enseignants majoritairement à gauche, puis divisée entre ces deux pôles idéologiques dans le supérieur, risque de perdre toute capacité à penser hors des cadres imposés.
Comparée à l’Allemagne, où l’éducation valorise encore une certaine objectivité académique, ou au Royaume-Uni, où les contrepoids institutionnels subsistent, la France semble en retard dans sa réponse à ce verrouillage idéologique. Les grandes écoles, en formant des élites néoconservatrices déconnectées, et les universités, en produisant des générations formatées à gauche, creusent un fossé qui menace la cohésion nationale. À terme, ce dualisme pourrait conduire à une gouvernance incapable de répondre aux défis du XXIe siècle, précipitant un déclin que d’autres pays, plus adaptables, parviennent à enrayer.
Vers une réforme ou une chute ?
Face à ces constats, la France doit s’inspirer des expériences étrangères tout en forgeant sa propre voie. Restaurer la pluralité dans les universités, comme le tente timidement le Royaume-Uni, et diversifier les profils des grandes écoles, à l’image des États-Unis, pourraient briser ces chaînes idéologiques. Sans cela, le pays risque de voir son avenir lui échapper, victime d’un système éducatif qui, au lieu de libérer les esprits, les emprisonne dans des dogmes concurrents. La jeunesse française mérite mieux qu’une guerre froide entre gauchisme et néoconservatisme – elle mérite une éducation qui la prépare à penser, et non à obéir.
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