La pyramide de Ponzi va-t-elle exploser ?

La pyramide de Ponzi va-t-elle exploser ?

L’économie mondiale, et en particulier l’économie américaine, a connu une transformation profonde depuis les années 1970, marquée par l’effondrement du système de Bretton Woods et l’émergence d’un modèle économique basé sur la financiarisation. Ce processus, souvent présenté comme une solution à la baisse des taux de profit dans les économies occidentales, a engendré une gigantesque pyramide de Ponzi, où la création de richesse fictive a profité à une superclasse oligarchique tout en érodant les revenus des classes moyennes et populaires.

La fin de Bretton Woods et l’émergence de Bretton Woods 2

Le système de Bretton Woods, établi en 1944, reposait sur des taux de change fixes, avec le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale, convertible en or à un taux fixe de 35 dollars l’once. Ce système visait à assurer la stabilité monétaire et à favoriser la reconstruction économique après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, il s’est effondré en 1971 lorsque les États-Unis, sous la présidence de Richard Nixon, ont suspendu la convertibilité du dollar en or, en raison de pressions inflationnistes, de déficits commerciaux croissants et d’une perte de confiance dans la capacité des États-Unis à maintenir leurs réserves d’or face à la demande internationale.

Après 1971, un système informel, souvent appelé « Bretton Woods 2 », a émergé. Dans ce nouveau paradigme, le dollar est resté la monnaie de réserve mondiale, mais sans ancrage à l’or, devenant une monnaie fiduciaire. Les pays exportateurs, notamment en Asie (comme la Chine à partir des années 1990), ont accumulé des réserves en dollars en maintenant leurs monnaies sous-évaluées pour stimuler leurs exportations vers les États-Unis. Ces dollars étaient ensuite recyclés dans l’économie américaine, principalement sous forme d’achats de titres du Trésor américain, finançant ainsi les déficits commerciaux et budgétaires des États-Unis. Ce système a permis une expansion massive de la liquidité mondiale, mais il a également jeté les bases d’une économie de plus en plus dépendante de la finance.

La financiarisation comme réponse à la baisse des taux de profit

À partir des années 1970, les économies occidentales, et en particulier aux États-Unis, ont été confrontées à une baisse des taux de profit dans les secteurs productifs traditionnels, comme l’industrie manufacturière. Cette baisse était due à plusieurs facteurs : la concurrence accrue des pays émergents, la saturation des marchés, et l’augmentation des coûts de production, notamment des salaires, dans un contexte de forte syndicalisation. Pour compenser cette érosion de la rentabilité, les entreprises et les gouvernements ont cherché des alternatives dans la finance.

La financiarisation, qui s’est accélérée dans les années 1980 sous l’influence des politiques néolibérales de Ronald Reagan aux États-Unis, de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, ou de François Mitterrand en France, a transformé radicalement l’économie mondiale. Ce processus s’est caractérisé par une augmentation de la taille et de l’influence du secteur financier par rapport à l’économie réelle. Les entreprises ont commencé à privilégier les profits à court terme via des opérations financières (rachats d’actions, fusions-acquisitions, spéculation sur les marchés) plutôt que des investissements productifs à long terme, comme la construction d’usines ou l’innovation technologique. Par exemple, les rachats d’actions, souvent financés par l’endettement, ont permis aux entreprises d’augmenter artificiellement la valeur de leurs actions, enrichissant les actionnaires et les PDG au détriment des investissements dans les infrastructures ou les salaires des employés.

Comment fonctionne la pyramide de Ponzi mondiale ?

Le système de Bretton Woods 2 a fonctionné comme une gigantesque pyramide de Ponzi en raison de sa dépendance à une injection continue de liquidités. Les déficits commerciaux américains, financés par les excédents des pays exportateurs, ont créé un flux constant de dollars à l’échelle mondiale. Ces dollars ont été réinvestis dans des actifs financiers américains, gonflant les marchés boursiers et immobiliers, et créant une illusion de croissance économique. Cependant, cette croissance était largement fictive, car elle reposait sur l’endettement et non sur une augmentation réelle de la production ou de la productivité.

Les mécanismes clés de cette pyramide incluent :

  • Délocalisation et baisse des salaires réels : Les entreprises occidentales ont délocalisé leur production vers des pays à bas coûts, comme la Chine, pour réduire leurs dépenses. Cela a entraîné une stagnation, voire une baisse, des salaires réels pour les travailleurs occidentaux, sapant le pouvoir d’achat des classes moyennes.
  • Endettement généralisé : Pour maintenir leur niveau de vie face à la stagnation des salaires, les ménages occidentaux se sont endettés massivement, notamment via des crédits à la consommation et des prêts hypothécaires. Les gouvernements, eux aussi, ont accru leurs dettes pour financer des dépenses publiques, tandis que les entreprises ont utilisé l’endettement pour financer des opérations financières spéculatives.
  • Création de capital fictif : La financiarisation a conduit à une explosion des actifs financiers, comme les dérivés et les produits titrisés, dont la valeur était souvent déconnectée de l’économie réelle. Par exemple, la crise des subprimes de 2008 a révélé comment des prêts hypothécaires risqués avaient été transformés en produits financiers complexes, vendus comme des actifs sûrs, créant une bulle qui a fini par éclater.

Ce système, comme toute pyramide de Ponzi, nécessitait une croissance continue des liquidités pour éviter l’effondrement. Lorsque les flux de capitaux ont été perturbés, comme lors de la crise financière de 2008 ou plus récemment avec les tensions commerciales et les hausses des droits de douane, les fragilités du système sont devenues évidentes.

La montée de la superclasse oligarchique

La financiarisation a concentré les richesses entre les mains d’une superclasse oligarchique, composée de PDG, d’investisseurs institutionnels, et de gestionnaires de fonds spéculatifs. Cette élite a bénéficié de manière disproportionnée de la hausse des marchés financiers et des politiques fiscales favorables, comme les baisses d’impôts pour les plus riches sous Reagan, Bush, et Trump. Par exemple, les rachats d’actions ont directement enrichi les actionnaires et les dirigeants d’entreprise, qui détiennent souvent une part importante des actions via des stock-options.

En parallèle, les inégalités se sont creusées. Aux États-Unis, la part du revenu national allant aux 1 % les plus riches a doublé depuis les années 1980, tandis que la part des salaires dans le PIB a diminué, passant d’environ 64 % en 1970 à 58 % en 2020. Cette redistribution des richesses vers le haut a été exacerbée par des politiques de dérégulation financière, qui ont permis aux institutions financières de prendre des risques excessifs, souvent au détriment des contribuables, comme on l’a vu lors des sauvetages bancaires post-2008 (Privatiser les bénéfices, nationaliser les pertes).

Le déclin des classes moyennes

Les classes moyennes du monde occidental ont été les grandes perdantes de ce système. La délocalisation a détruit des millions d’emplois industriels. Les salaires réels ont stagné, tandis que le coût de la vie, notamment pour le logement, l’éducation, et la santé, a explosé, en partie à cause de la financiarisation de ces secteurs. Par exemple, aux États-Unis, le coût moyen des études universitaires a triplé depuis les années 1980, poussant les étudiants à s’endetter massivement.

En outre, la précarisation de l’emploi, avec la montée des contrats temporaires et de l’économie des petits boulots, a fragilisé davantage les travailleurs. Les syndicats, qui avaient joué un rôle clé dans la défense des droits des travailleurs après la Seconde Guerre mondiale, ont vu leur influence diminuer face aux politiques anti-syndicales et à la mondialisation.

Les droits de douane et l’effondrement potentiel du système

L’augmentation des droits de douane, comme ceux imposés par les États-Unis sous l’administration Trump à partir de 2018, et relancés aujourd’hui avec vigueur en 2025, a mis en lumière les fragilités du système de Bretton Woods 2. En perturbant les flux commerciaux mondiaux, ces mesures ont réduit les excédents commerciaux des pays exportateurs, limitant leur capacité à recycler leurs dollars dans l’économie américaine. Cela a entraîné une contraction des liquidités mondiales, un élément essentiel pour maintenir la pyramide de Ponzi en marche.

Lorsque les liquidités se tarissent, les marchés financiers, qui dépendent de ces flux pour soutenir les valorisations boursières, deviennent vulnérables. La hausse des taux d’intérêt, souvent utilisée pour contrer l’inflation (elle-même exacerbée par les perturbations commerciales), peut également précipiter un effondrement en rendant l’endettement insoutenable pour les ménages, les entreprises, et les gouvernements.

Un système insoutenable sur le long terme

Le système post-Bretton Woods 2 n’était pas simplement une réponse conjoncturelle à la baisse des taux de profit ; il était structurellement conçu pour favoriser les intérêts d’une élite financière au détriment de la majorité. Contrairement au récit dominant, qui présente la financiarisation comme un moteur de croissance, ce modèle a créé une économie de casino, où la spéculation a remplacé la production comme source de richesse. Les institutions internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, issues de Bretton Woods, ont souvent soutenu ce modèle en imposant des politiques d’austérité et de libéralisation financière aux pays en développement, exacerbant les inégalités à l’échelle mondiale.

De plus, ce système a ignoré les externalités sociales et environnementales. La quête de profits à court terme a conduit à un sous-investissement chronique dans les infrastructures publiques, l’éducation, la santé et même la défense, rendant les sociétés occidentales plus vulnérables aux crises, qu’il s’agisse de pandémies (naturelles ou provoquées), des processus de migration imposés aux peuples, ou de tensions géopolitiques.

La gigantesque pyramide de Ponzi mise en place après l’effondrement de Bretton Woods en 1971, et amplifiée par le système de Bretton Woods 2, reposait sur une financiarisation qui a transformé l’économie mondiale en un château de cartes. En privilégiant les profits financiers au détriment de l’investissement productif, ce modèle a enrichi une superclasse oligarchique tout en érodant les bases économiques et sociales de la classe moyenne. Les tensions commerciales, comme l’augmentation des droits de douane, révèlent les failles de ce système, qui pourrait s’effondrer si les liquidités mondiales continuent de se tarir. Pour éviter une crise encore plus profonde, il est urgent de repenser l’économie mondiale sur des bases plus équitables, en réinvestissant dans l’économie réelle, en réduisant les inégalités, et en mettant fin à la domination de la finance spéculative. Bref ! en détruisant la Fed. Joli projet mais ne rêvons pas, on n’y est pas encore.

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