Le 17 décembre 2025, au Parlement européen à Strasbourg, s’est tenue une table ronde cruciale sur la liberté d’expression, animé par Clémence Houdiakova, en collaboration avec l’eurodéputée française Virginie Joron (groupe Patriotes pour l’Europe). L’invité principal était Michael Shellenberger, journaliste d’investigation américain rendu célèbre par les « Twitter Files », ces documents internes de Twitter (aujourd’hui X) révélés grâce à Elon Musk.
Shellenberger, co-auteur de ces enquêtes, a dénoncé l’émergence d’un « complexe industriel de la censure » à l’échelle mondiale, avec une attention particulière portée à l’Europe et à la France.
Aux côtés de Shellenberger, trois eurodéputés ont participé : Virginie Joron, Fidias Panayiotou (indépendant, Chypre) et Gheorghe Piperea (groupe ECR, Roumanie). Ce débat, riche en échanges, a mis en lumière les dérives réglementaires européennes, notamment le Digital Services Act (DSA), et les pressions exercées sur les plateformes numériques.
Le « complexe industriel de la censure » : une menace totalitaire
Michael Shellenberger a ouvert le débat en exprimant sa « peur » face à un effort concerté des gouvernements pour censurer les citoyens. Inspiré du « complexe militaro-industriel », ce « complexe industriel de la censure » implique des agences de renseignement (CIA, FBI aux États-Unis, équivalents en Europe), des ONG et des plateformes tech. Selon lui, ces acteurs diffusent d’abord de la désinformation pour justifier ensuite la censure d’informations véridiques.
Exemples cités :
- La censure du débat sur l’origine laboratoire du Covid-19 (aujourd’hui largement admise).
- La suppression d’informations sur l’inefficacité des vaccins à prévenir la transmission.
- La minimisation de l’affaire de l’ordinateur portable de Hunter Biden.
Shellenberger insiste : la vérité émerge du dialogue libre, pas d’une élite qui décide ce que le public peut entendre. Il qualifie cette approche de « totalitaire », remontant à l’Inquisition, et affirme que la liberté d’expression est un principe pour lequel il serait prêt à mourir.
Aux États-Unis, l’administration Trump a pris des mesures positives (suppression de financements pour certains programmes de censure), mais le problème persiste, avec des réunions impliquant l’UE, l’Australie et le Brésil.
Les « Twitter Files français » : l’implication personnelle de Macron
Shellenberger a révélé des éléments choc des « Twitter Files français » : Emmanuel Macron aurait été personnellement impliqué dans une campagne coordonnée avec des ONG (souvent financées par l’État ou liées aux services de renseignement) pour pressionner Twitter via le système judiciaire. Objectif : obtenir un accès privilégié aux données et imposer plus de censure.
Un cas emblématique : l’implication de Miss France dans une initiative de censure. Shellenberger n’avait « jamais vu un chef d’État s’impliquer aussi directement ». Il ajoute que le modèle français de « modérateurs de confiance » remonte à la loi Pleven de 1972, faisant de la France le berceau de ce complexe censuro-industriel moderne.
Le DSA : un « bouclier contre la démocratie »
Virginie Joron, militante de longue date contre la censure depuis la crise Covid, a dénoncé une alliance entre les parlements de Bruxelles et Paris pour contrôler l’information sous prétexte de lutter contre la « haine » ou la « désinformation ». Elle cite le DSA, la loi sur la liberté des médias, la loi sur l’IA : des outils qui, selon elle, visent à étouffer les voix alternatives.
Joron pointe l’idée d’un « label » pour distinguer les « bons » et « mauvais » médias, promue par Macron, et les pressions sur X (Elon Musk). Pour elle, ces mécanismes protègent les puissants, pas la démocratie : « La censure est toujours l’outil des oppresseurs. »
Fidias Panayiotou, jeune eurodéputé élu grâce aux réseaux sociaux, défend une modération nécessaire (contre la pédophilie, par exemple) mais rejette les fact-checkers financés par l’État. Il loue les « notes de communauté » de X comme alternative démocratique et appelle à plus de transparence.
Gheorghe Piperea critique le DSA comme une perversion : initialement pour protéger consommateurs et concurrence, il est devenu un outil pour qualifier d’ « illégales » des opinions politiques. Il dénonce l’anonymat des fact-checkers et le « noble mensonge » justifiant la censure de « vérités préjudiciables » (préjudiciables pour qui ?).
Des exemples concrets d’ingérence
- La lettre de Thierry Breton à Elon Musk avant l’interview avec Donald Trump (août 2024), vue comme une tentative d’ingérence dans les affaires américaines.
- L’annulation des élections présidentielles roumaines (décembre 2024) sur fond d’accusations d’ingérence (via TikTok), perçue par certains comme une application détournée du DSA pour protéger les pouvoirs en place.
Shellenberger conclut que cette pathologie touche toute l’Europe : Allemagne (perquisitions pour des tweets), Royaume-Uni (arrestations pour posts en ligne).
Vers un sursaut démocratique ?
Les intervenants s’accordent : les réseaux sociaux ont démocratisé la parole, menaçant les élites. Elon Musk et Pavel Durov (Telegram) sont salués pour leur résistance. Shellenberger se dit au « bord du précipice » : totalitarisme ou démocratie renforcée ?
Ce débat alarme sur une Europe où la censure s’institutionnalise, souvent sous couvert de protection. Comme le dit Shellenberger : « Le prix de la liberté est une vigilance éternelle. » Les citoyens et élus résistants, comme ceux présents, appellent à un sursaut pour préserver le dialogue libre, fondement de toute démocratie.


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