Le 12 juin 2025, la mort soudaine et controversée d’Éric Denécé, un éminent spécialiste du renseignement et directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), a suscité de nombreuses interrogations en France. Sa disparition, officiellement classée comme un suicide, a suscité de nombreuses interrogations, notamment en raison des enquêtes sensibles qu’il menait au moment de son décès. Cet article explore les circonstances entourant sa mort, examine les travaux en cours qui pourraient avoir motivé un acte aussi dramatique et analyse ses positions sur le conflit israélo-iranien, grâce à l’une de ses dernières interviews.
Contexte de la mort
Éric Denécé a été retrouvé mort dans sa voiture, au bord d’une route dans les Alpes, avec une arme de chasse à ses côtés. Selon les premières informations relayées par des proches et des collègues, cette scène a immédiatement soulevé des doutes sur la thèse du suicide. Laurent Artur du Plessis, journaliste et ami de Denécé, a déclaré sur Radio Courtoisie que « aucun de ses interlocuteurs ne croyait à l’hypothèse du suicide. » Il a souligné que Denécé était en pleine forme physique et mentale, pratiquant régulièrement des activités sportives et apparaissant équilibré et actif professionnellement.
Les enquêtes sensibles
Au moment de sa mort, Éric Denécé était impliqué dans plusieurs enquêtes qui touchaient à des sujets stratégiques et controversés, potentiellement susceptibles de provoquer des tensions avec des puissances économiques ou politiques. Parmi ces travaux, l’un des plus notables est son analyse du rachat d’Alstom par General Electric, une affaire qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre.
Le rachat d’Alstom par General Electric
En 2014, Denécé avait publié un rapport intitulé « Racket américain et démission d’État : le dessous des cartes du rachat d’Alstom par General Electric, » disponible ici. Dans ce document, il mettait en lumière les risques pour la sécurité nationale française liés à la cession de la branche énergie d’Alstom à General Electric. Il arguait que cette transaction compromettait l’indépendance énergétique et militaire de la France, notamment en raison de la dépendance accrue vis-à-vis d’une entreprise américaine pour des technologies critiques, comme les turbines utilisées par la Marine nationale.
Denécé soulignait également des pressions exercées par les autorités américaines, notamment à travers des enquêtes pour corruption menées par le Département de la Justice des États-Unis, qui auraient poussé Alstom à accepter l’offre de General Electric. Cette affaire, selon lui, illustrait une forme de « racket américain » et une « démission d’État » français face à ces pressions.
Autres enquêtes
Outre l’affaire Alstom, Denécé s’intéressait à d’autres dossiers sensibles, notamment les dynamiques géopolitiques impliquant la Russie et l’Ukraine. En 2022, il avait exprimé des positions critiques vis-à-vis de la narration dominante sur le conflit ukrainien, suggérant que les responsabilités étaient partagées et que les États-Unis portaient une part significative de responsabilité. Ces prises de position, souvent en décalage avec le consensus médiatique et politique, pouvaient le placer en opposition avec des intérêts puissants.
De plus, ses analyses sur le renseignement et les opérations clandestines, ainsi que ses liens avec des cercles proches du renseignement français, suggèrent qu’il pouvait avoir accès à des informations sensibles qui, si révélées, auraient pu déranger certains acteurs.
Une rumeur persistante, circulant dans certains milieux, suggère l’existence d’opérations clandestines, potentiellement sous le contrôle direct d’Emmanuel Macron, similaires à celles autorisées par François Mitterrand. Ces opérations, souvent qualifiées de « cellule homo » dans les discussions publiques, font référence aux « opérations homo » de la DGSE, des actions mortelles visant à éliminer des menaces pour la sécurité nationale. Le terme « homo » provient de « homicide, » indiquant la nature de ces opérations, et non de « homosexualité. » Des sources comme Vincent Nouzille et Wikipédia confirment que de telles actions ont été menées sous Mitterrand, notamment après des attentats comme celui de la rue des Rosiers. Pour Macron, l’affaire Benalla, impliquant Alexandre Benalla, ancien collaborateur, a révélé des pratiques de surveillance et de contrôle qui pourraient indiquer l’existence d’une structure similaire. Si Denécé enquêtait sur de telles structures, cela pourrait expliquer une partie des tensions autour de sa mort, bien que cela reste parfaitement spéculatif.
Positions sur Israël et le conflit Israélo-Iranien
Une interview récente d’Éric Denécé, disponible sur YouTube, offre un aperçu de ses positions sur le conflit au Proche-Orient, notamment concernant Israël, l’Iran, et le Hezbollah. Cette interview, conduite par Omerta, met en lumière sa vision stratégique et critique de la situation.
Analyse du conflit
Denécé considérait que la mort d’Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, bien que constituant un coup dur pour le mouvement chiite libanais, ne signait pas sa disparition. Il soulignait que le Hezbollah, ancré territorialement, continuerait à résister malgré l’affaiblissement causé par les opérations israéliennes, notamment l’explosion des bipeurs et des talkie-walkies, qui avaient décimé une partie de ses cadres. Il notait également que l’Iran, bien que soutenant le Hezbollah, avait déclaré ne pas vouloir entrer en guerre avec Israël, indiquant une forme de lâchage ou une stratégie de non-escalade.
Critique des actions israéliennes
Denécé était particulièrement critique envers les actions d’Israël, qu’il qualifiait d’escalade plutôt que de mise en garde. Il pointait du doigt les massacres et les attentats du 7 octobre 2023, suivis par des réactions disproportionnées à Gaza, où l’armée israélienne avait causé des dommages collatéraux importants parmi les civils, ce qu’il jugeait « inadmissible. » Il accusait Benjamin Netanyahou de chercher à provoquer ses adversaires pour apparaître comme la victime, une stratégie comparable à celle de l’OTAN face à la Russie en Ukraine.
Il estimait que les moyens techniques utilisés par Israël, bien que sophistiqués, ne garantissaient pas une victoire décisive contre le Hezbollah, en raison de la résilience du mouvement et de l’incertitude sur l’étendue des dommages infligés. Denécé soulignait également que Netanyahou cherchait à présenter un bilan positif avant l’anniversaire des événements du 7 octobre, en affaiblissant le Hezbollah et en réduisant la menace sur le nord d’Israël.
Soutien américain et dynamiques régionales
Denécé reconnaissait le rôle massif du soutien américain à Israël, tant sur le plan politique que militaire, avec 68 à 70 % des armes utilisées par Israël provenant des États-Unis. Cependant, il notait une inversion des rôles, où Israël, malgré sa petite taille, manipulait les États-Unis pour agir selon ses intérêts, parfois au mépris des recommandations américaines de modération pour éviter une conflagration régionale avec l’Iran.
Il analysait les capacités militaires iraniennes, estimant qu’un conflit direct entre Israël et l’Iran serait principalement aérien et balistique, sans intervention terrestre significative. Il doutait d’une frappe israélienne sur les infrastructures atomiques iraniennes, en raison de leur profondeur et de l’absence de moyens adéquats chez Israël, bien que des actions de sabotage interne par des agents du Mossad restassent possibles.
Perspective stratégique
Denécé voyait dans les actions iraniennes une tentative de ne pas tomber dans le piège de Netanyahou, une stratégie comparable à celle de la Russie face à l’OTAN. Il soulignait l’astuce iranienne de répondre de manière mesurée, comme avec les 200 missiles tirés récemment, tout en évitant une escalade majeure.
Enfin, il critiquait l’absence d’influence européenne sur Israël, estimant que seul le soutien américain pouvait freiner Netanyahou. Il voyait dans les gesticulations diplomatiques d’Emmanuel Macron une tentative de reconquérir une scène internationale perdue, mais sans réel impact sur la situation.
Théories et soupçons
La mort de Denécé survient dans un contexte où plusieurs décès suspects au sein des milieux du renseignement français ont été signalés récemment : trois agents de la DGSI déclarés morts en 5 mois, levant des interrogations sur des « éliminations silencieuses ordonnées par l’Élysée. » Bien que ces allégations restent à prouver, elles alimentent les spéculations autour d’une possible couverture ou d’une série d’événements liés à des dissensions internes ou externes.
Laurent Artur du Plessis a également mentionné que des amis de Denécé, appartenant au monde du renseignement, avaient été contactés toute la journée précédant sa mort, et aucun ne croyait à la thèse du suicide. Cela renforce l’idée que des forces extérieures ou des pressions internes pourraient être impliquées.
Implications
La mort d’Éric Denécé soulève des questions cruciales sur la liberté d’expression et la sécurité des chercheurs et analystes qui s’aventurent dans des domaines sensibles. Ses travaux, souvent critiques vis-à-vis des politiques nationales et internationales, pouvaient être perçus comme une menace par ceux qui souhaitent maintenir un certain statu quo. La perte d’un tel expert, connu pour sa rigueur et son indépendance, est un coup dur pour le paysage intellectuel et stratégique français.
Ses positions sur Israël, bien que nuancées, révélaient une critique acerbe des actions de Netanyahou et une analyse géopolitique approfondie des dynamiques régionales. Elles ajoutent une couche supplémentaire d’interrogation sur les raisons possibles de sa mort, dans un contexte où ses voix dissidentes pouvaient déranger.
Alors que les circonstances exactes de la mort d’Éric Denécé restent floues, les enquêtes qu’il menait, notamment sur le rachat d’Alstom et les dynamiques géopolitiques, offrent un contexte qui invite à la prudence quant à la thèse officielle du suicide. Ses positions sur Israël et le conflit israélo-iranien, bien qu’exprimées dans une interview récente, soulignent son rôle de critique indépendant, potentiellement dangereux pour certains intérêts. La communauté du renseignement et les cercles académiques attendent des éclaircissements, et il est essentiel que des investigations indépendantes soient menées pour établir la vérité. La mémoire de Denécé et l’intégrité de ses travaux méritent que lumière soit faite sur cette affaire troublante.
💥 "Aucun de ses interlocuteurs ne croit à la thèse du suicide !"
— Ligne Droite • La matinale de RC (@Ligne__Droite) June 13, 2025
🗣️ Le journaliste Laurent Artur du Plessis revient sur le décès brutal et soudain du spécialiste du renseignement #EricDenece
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