LFI : laïcité à géométrie variable ?

Depuis plusieurs années, La France Insoumise (LFI), figure de proue de l’extrême gauche française, semble avoir opéré un virage stratégique dans son positionnement politique. Historiquement ancré dans la défense des intérêts du prolétariat et du monde ouvrier, le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon a vu son assise traditionnelle s’effriter. Le milieu ouvrier, autrefois bastion de la gauche radicale, s’est progressivement détourné de LFI pour se rapprocher du Rassemblement National (RN), tandis que la disparition du lumpenprolétariat, cet sous-prolétariat marginalisé, a laissé un vide dans l’électorat populaire. Face à cette crise identitaire, LFI semble avoir trouvé un nouveau vivier électoral : la communauté musulmane, qu’elle courtise désormais avec une rhétorique et des prises de position parfois ambiguës, notamment sur la question sensible du financement public des lieux de culte.

Une opposition de principe au financement des cultes… sauf exceptions ?

LFI affiche officiellement une posture laïque intransigeante, conforme à l’héritage républicain français qui sépare strictement l’Église et l’État. Cette ligne s’est notamment traduite par des propositions radicales, comme la volonté de mettre fin au droit local des cultes en Alsace-Moselle, une spécificité historique permettant à l’État de financer certains cultes dans cette région. Selon France 3 Grand Est, les Insoumis dénoncent ce régime comme une entorse à la laïcité, plaidant pour une égalité stricte entre tous les citoyens.

Cette fermeté s’exprime aussi dans la polémique autour de la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille, surnommée « la Bonne Mère ». Lorsque des fonds publics ont été mobilisés pour sa rénovation, LFI s’est indignée, comme le rapportent France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, Le Figaro et France Bleu. Les élus insoumis ont fustigé cette utilisation de l’argent des contribuables, arguant que ces sommes auraient dû être affectées à des priorités sociales comme l’école ou le logement. « C’est un symbole religieux, pas un bien public universel », ont-ils martelé, soulignant leur rejet du financement public des lieux cultuels.

Pourtant, cette rigueur semble s’assouplir dans certains cas. Concernant le lycée musulman Averroès à Lille, LFI a dénoncé la fin des subventions régionales comme une mesure « discriminatoire » et « islamophobe », selon Le Figaro. Le parti a défendu cet établissement confessionnel privé, arguant qu’il était victime d’une stigmatisation injuste. Cette position contraste avec leur opposition au financement de la Bonne Mère, révélant une apparente incohérence dans leur application de la laïcité.

Un électorat musulman comme nouvel horizon politique

Ce double discours s’inscrit dans une stratégie électorale plus large. Après avoir perdu une partie de son ancrage ouvrier au profit du RN, LFI semble avoir réorienté ses efforts vers les populations issues de l’immigration, notamment musulmanes, souvent concentrées dans les quartiers populaires. Cette inflexion s’est accentuée avec la prise de position tranchée de LFI dans le conflit israélo-palestinien, où elle s’est érigée en défenseur ardent de la cause palestinienne. Depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Insoumis ont multiplié les déclarations radicales et les actions, parfois violentes, comme des manifestations marquées par des débordements en France. Cette posture, qui tranche avec la retenue d’autres formations politiques, est perçue par certains comme une tentative de rallier un électorat sensible à la cause palestinienne, au risque d’attiser les tensions communautaires.

Dans un article d’Atlantico, Alexandre del Valle souligne une « troublante convergence » entre les luttes de LFI et celles de certaines organisations islamiques internationales, notamment sur la défense des symboles religieux musulmans. Cette alliance implicite alimente les soupçons d’un opportunisme électoral, où la laïcité devient un principe modulable selon les intérêts du moment.

Les actes christianophobes : un silence révélateur ?

Parallèlement, la question des actes christianophobes en France met en lumière une autre facette de cette ambivalence. Selon le ministère de l’Intérieur, près de 1 000 actes anti-chrétiens ont été recensés en 2023, soit environ deux par jour, majoritairement des atteintes aux biens comme des dégradations d’églises ou de cimetières. Le Figaro rapporte des cas récents, comme l’incendie volontaire d’églises en Nouvelle-Calédonie ou le vandalisme de Notre-Dame-du-Travail à Paris en juillet 2024, où une statue de la Vierge a été poignardée et des tags violents apposés. Valeurs Actuelles dénonce une « montée de la christianophobie » largement ignorée par les grands médias et les responsables politiques, y compris LFI.

Si LFI se montre prompte à condamner les actes islamophobes ou antisémites, son silence sur les profanations d’églises est notable. Ce contraste interroge : pourquoi un parti qui revendique la défense des opprimés ne s’exprime-t-il pas davantage sur ces attaques visant la religion majoritaire en France ? Pour certains, comme Kevin Bossuet dans Valeurs Actuelles, ce mutisme reflète une priorisation électorale, où la défense des chrétiens, perçus comme moins stratégiques pour LFI, est reléguée au second plan. Cette attitude pourrait renforcer l’idée d’une laïcité à géométrie variable, appliquée avec zèle contre les symboles chrétiens mais avec plus de mansuétude envers d’autres confessions.

Une cohérence idéologique en question

En somme, le positionnement de LFI sur le financement des cultes et les actes antireligieux révèle une tension entre ses principes laïques affichés et ses choix stratégiques. En s’opposant au financement d’un symbole catholique comme la Bonne Mère tout en défendant des subventions à un lycée musulman ou à la création de salles de prière dans les universités, et en restant discrète sur la christianophobie, LFI brouille son message universaliste. Cette approche, dictée par la conquête d’un nouvel électorat, risque d’aliéner ceux qui voyaient en elle un rempart contre les dérives identitaires, tout en alimentant les critiques d’opportunisme politique. Reste à voir si cette tactique portera ses fruits électoraux ou si elle creusera davantage le fossé entre ses ambitions et sa crédibilité.

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