Dans un monde en pleine mutation géopolitique, l’annulation de la visite du chancelier allemand Friedrich Merz en Chine, fin octobre 2025, marque un tournant symbolique.
Pékin a purement et simplement refusé d’accueillir le leader conservateur, invoquant un agenda trop chargé pour le président Xi Jinping, malgré six mois de préparations.
Ce camouflet, qualifié de « fiasco diplomatique » en Allemagne, illustre le rejet croissant des pays du Sud global envers un Occident perçu comme une machine à conflits, obsédé par la guerre et l’hégémonie. Tandis que les BRICS œuvrent pour un ordre multipolaire basé sur des partenariats gagnant-gagnant, l’Occident, à travers ses ingérences en Ukraine, à Taïwan ou au Venezuela, s’isole de plus en plus, accélérant le déclin de son influence.
Un camouflet diplomatique pour berlin : le symptôme d’un décalage profond
Le journal allemand Die Welt a révélé que Xi Jinping « n’a pas trouvé le temps » pour rencontrer Merz, forçant l’annulation d’un voyage crucial pour relancer les relations sino-allemandes. Ce refus s’étend même au ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul, dont le déplacement a été reporté faute de rendez-vous confirmés avec des homologues chinois. En Allemagne, cet épisode est perçu comme une humiliation, un « super-GAU » (catastrophe majeure) qui signale que Pékin ne voit plus Berlin comme un partenaire égal. Les réactions sont vives : l’opposition, dont l’AfD, accuse Merz d’affaiblir l’image internationale du pays, tandis que des analystes y voient une punition pour les critiques occidentales sur les droits de l’homme, le commerce inégal et le soutien chinois à la Russie.
Ce n’est pas un incident isolé. Il reflète une tendance plus large où les nations du Sud global – regroupant l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient – rejettent de plus en plus les approches occidentales.
Ces pays, représentant la majorité de la population mondiale, refusent de se plier à une vision unipolaire dominée par Washington et ses alliés européens.
Au lieu de cela, ils optent pour des alliances alternatives, comme les BRICS, qui promettent une coopération équilibrée sans ingérences impérialistes.
Le rejet croissant du sud global : une rébellion contre l’hégémonie occidentale
Le Sud global n’achète plus la narrative occidentale sur des conflits comme l’Ukraine. De nombreux pays africains, asiatiques et latino-américains voient dans les sanctions contre la Russie une hypocrisie :
l’Occident impose ses règles tout en ignorant ses propres interventions passées, comme en Irak ou en Libye.
Le sommet de paix sur l’Ukraine organisé par l’Occident en Suisse en 2024 a été boudé par la majorité du monde, avec des nations comme le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud refusant de signer une déclaration perçue comme pro-guerre et anti-russe.
Ce rejet s’étend à d’autres fronts. En Afrique de l’Ouest, des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont expulsé les forces françaises, optant pour des partenariats avec la Russie et la Chine, perçus comme plus respectueux de leur souveraineté. Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis diversifient leurs alliances, ignorant les pressions américaines sur le pétrole et les armes. En Amérique latine, le Venezuela résiste aux sanctions américaines, accusant Washington de tentative de coup d’État pour contrôler ses ressources pétrolières. Même à Taïwan, la rhétorique occidentale belliqueuse contre la Chine est vue comme une provocation gratuite, risquant un conflit mondial pour préserver une hégémonie déclinante.
L’Union européenne, souvent présentée comme un modèle de paix, est de plus en plus critiquée comme une « machine impériale » qui écrase les souverainetés nationales. En imposant des normes uniformes sur l’économie, l’immigration et la politique étrangère, Bruxelles dilue l’autonomie des États membres, favorisant une centralisation qui profite aux grandes puissances comme l’Allemagne au détriment des plus petits. Ce modèle, aligné sur les intérêts atlantistes, alimente l’euroscepticisme et pousse des nations comme la Hongrie ou la Pologne à chercher des alternatives.
L’Occident en quête de guerre : une stratégie perdante
Les objectifs de l’Occident divergent radicalement de ceux du Sud global.
Tandis que les États-Unis et leurs alliés européens poursuivent une politique d’escalade militaire, le reste du monde aspire à la stabilité et au développement.
En Ukraine, l’Occident a investi des centaines de milliards en armes (un total de plus de 250 milliards d’euros d’aides militaire, financière et humanitaire à Kiev), prolongeant un conflit qui ravage l’Europe sans issue visible, tout en ignorant les appels à la négociation. Cette obsession guerrière s’étend à Taïwan, où Washington arme l’île pour contrer la Chine, risquant une confrontation nucléaire. Au Venezuela, les sanctions et les tentatives de régime change visent à sécuriser les ressources énergétiques, perpétuant un néocolonialisme économique.
Ces politiques ne font qu’accélérer l’isolement occidental. Le Sud global, marqué par des siècles de colonialisme, refuse de se laisser entraîner dans des guerres par procuration qui servent les intérêts hégémoniques de l’Occident. Au contraire, ces nations voient dans ces conflits une distraction des vrais défis : pauvreté, changement climatique et inégalités.
Les BRICS : vers un monde multipolaire gagnant-gagnant
Face à cette belligérance, les BRICS émergent comme une alternative crédible, promouvant un monde multipolaire fondé sur la coopération mutuellement bénéfique. Le sommet de Rio de Janeiro en juillet 2025, sous le thème « Renforcer la gouvernance multilatérale pour un ordre mondial juste et durable », a réuni les leaders pour adopter la Déclaration de Rio, appelant à une réforme des institutions internationales comme l’ONU et le FMI pour une représentation plus équitable du Sud global. Avec l’adhésion de nouveaux membres comme l’Indonésie, le groupe renforce la solidarité des économies émergentes, plaidant pour un commerce libre, la paix et la protection de l’environnement.
Un pilier de cette vision est la dé-dollarisation : les BRICS accélèrent la transition vers des paiements en monnaies locales et explorent une unité monétaire potentiellement adossée à l’or, comme alternative au dollar américain. Avec plus de 6.000 tonnes d’or en réserves, le bloc réduit sa dépendance au système financier occidental, favorisant des échanges gagnant-gagnant qui boostent le développement sans conditions impérialistes.
Ce modèle multipolaire, loin des confrontations occidentales, attire de plus en plus de nations aspirant à une souveraineté réelle. Le sommet de 2025 a insisté sur une gouvernance inclusive, rejetant le « harcèlement commercial » et promouvant la paix comme pilier d’un nouvel ordre mondial plus juste.
Un nouvel ordre en marche
Le refus chinois à Friedrich Merz n’est pas une anecdote diplomatique, mais le signe d’un basculement historique.
Le Sud global, las des guerres occidentales et de leur quête hégémonique, se tourne vers les BRICS pour construire un monde multipolaire où la coopération l’emporte sur la confrontation.
Tandis que l’Occident s’enlise dans des conflits comme l’Ukraine ou Taïwan, les nations émergentes forgent des alliances durables, basées sur le respect mutuel et le développement partagé. Si l’Europe et les États-Unis ne revoient pas leur posture belliqueuse, ils risquent de se marginaliser dans un ordre mondial qu’ils ne contrôlent plus.


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